Premier film signé Dario Argento, et déjà du tout bon ! Il faut avouer que le bonhomme n'était pas vraiment un inconnu dans le milieu du cinéma. Né de deux parents artistes, expérience de critique, et co-scénariste sur le monument "C'era une volta il West" : il démarre sa carrière de réalisateur avec un bon pédigrée.
Il offre ici une mise en scène très maîtrisée, qui posera les bases de son univers, et confortera celui du giallo en général. Il reprend quelques éléments des films de Mario Bava (par exemple, la figure du tueur en imperméable, également vu dans "Sei donne per l'assassino"). Mais Dario Argento développe surtout son propre style.
De nombreux jeux d'ombres, dans les ruelles de Rome ou les logements mal éclairés. Une colorimétrie qui frise par moment le cauchemardesque. Un montage riche, appuyé par des décors oppressants et une réalisation aussi baroque qu'inventive. Dont des tueries violentes pour l'époque, où se mêlent lames éclatantes et, occasionnellement, vues à la première personne.
Et si l'intrigue policière apparait un peu lente au vu des standards actuels, plusieurs scènes bien tendues à souhait fonctionnent sans mal. La BO anxiogène d'Ennio Morricone aidant. Ou le protagoniste attachant, un auteur en mal d'inspiration happé malgré lui dans une histoire de meurtres. Incarné par un convaincant Tony Musante (qui a un faux air d'Eric Bana, version années 2000 !).
D'autant que le film propose quelques audaces scénaristique. Jouant sur la notion de perception déformée ou incomplète des événements par les sens humains (une thématique qui reviendra dans plusieurs film d'Argento), ou celle de voyeurisme.
"L'uccello dalle piume di cristallo" sera surpassé par d'autres oeuvres de Dario Argento (notamment "Profondo Rosso"), mais il demeure pour moi supérieur aux deux autres films de la trilogie animalière... et à l'immense majorité des giallo...