Le baiser de la femme à régner
J'ai beaucoup de tendresse pour la part en chacun de nous qui appelle à un retour au paradis perdu que nous rangerions, héritiers de Fletcher Christian et de Bougainville, sur une île mystérieuse de Polynésie où d'ailleurs, quelque chose qui s'appellerait Taïpi ou Bora-Bora avec des cocotiers, des tortues géantes et où Yvonne de Carlo ne s'habillerait que de colliers de fleurs transparents...
Alors ça tombe bien, Vidor a décidé de filmer ça, et avec parfois une certaine virtuosité qui surprend agréablement dans cette bande dessinée sympatoche où Joel McCrea s'amourache de la fille du chef amatrice de bains de minuit, taboue par tous les pores de sa jolie peau et furieusement curieuse des rites de séduction de ces drôles de touristes ...
Il y a tout ce qu'on voudra, un volcan, un tourbillon, des requins, de l'aventure à gogo, mais finalement, on s'en fiche un peu, ce qui est chouette ici, c'est de se retrouver perdus sur une île déserte, de construire une cabane de branchages, de cueillir les noix de coco à l'arbre et de pêcher les poissons volants dans les lagunes la nuit...
Il faut ranger ce film quelque part entre Tabou, Tarzan et les révoltés du Bounty, mais en mineur, avec le charme tout particulier de ces productions exotiques de l'ère du pré-code, gentiment friponnes et délicieusement désuètes.