Stroke on the water
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le 29 mars 2022
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L’acteur belge Bouli Lanners signe un film remarquable de sensibilité et de pudeur sur la relation sentimentale entre deux quinquagénaires sur de magnifiques paysages d’Ecosse. On y suit Phil, un belge d'une cinquantaine d'années qui vit sur l'île de Lewis, au nord de l'Écosse. Il travaille dans une ferme, au sein d'une austère communauté protestante. Il subit un jour un accident vasculaire cérébral, lui faisant perdre la mémoire. Millie, qui s'occupe de lui, lui dit faussement qu'ils étaient secrètement amoureux avant son accident.
Le titre original en anglais ‘Nobody has to know’, bien meilleur que le titre français. En effet, le film dépeint la relation pudique et lente entre deux solitudes et deux timidités. Le mensonge n’a en réalité pas forcément une place prédominante à part à la fin. Il s’agit de suivre la concrétisation d’un amour et d’une relation dont on imagine qu’elle a été longtemps intériorisée. Les deux personnages veulent vivre leur amour loin du regard des autres. Ils n’ont pas à savoir. C’est une histoire entre eux d’eux.
Ce film montre deux personnages aux difficultés relationnelles évidentes, ce qui va évidemment ralentir l’avènement de cette relation. Lui a fui la Belgique pour une raison que l’on ne nous dit pas (en tout cas au début) et a une relation conflictuelle avec son frère (Clovis Cornillac). Quant à Millie, elle est la fille d’un patriarche écossais (excellent Julian Glover) autoritaire et droit mais pas ordurier. On imagine qu’elle peine à trouver sa place et qu’il n’est pas dans sa nature de forcer pour se faire entendre. Et ce n’est pas la communauté protestante légèrement guindée qui arrangera l’histoire.
La relation entre les deux personnages est magnifique d’émotion. Il faut voir comment les deux se regarde. Lui, malgré son physique un peu bourru, semble un peu contrit. Quant à elle, son regard embuée peine à masquer ses sentiments malgré le masque d’anglaise bien élevée qu’elle s’est construite. Chacune de leur rencontre est d’une délicatesse. Rien dans leur discours ou leurs répliques ne semble trahir leurs sentiments. En revanche tout est dans la gestuelle des mains, dans le regard, dans le sous-texte. Et cela fait du bien de voir un réalisateur faire autant confiance aux non-dits plutôt qu’au sur-exprimé. En effet, les films sentimentaux actuels semblent davantage se catalyser sur les moments d’explosions, de crises. Ici pas un mot l’un au-dessus de l’autre, on est dans le sur-moi comme dirait Freud.
Louons le casting excellent. Bonne idée d’avoir allié acteurs britanniques et belges. Les acteurs britanniques (Michelle Fairley, Andrew Still et Julian Glover) signent des compositions à l’anglaise, c’est-à-dire solides, élégantes et sobres et où les larmes ne sont jamais loin du rire. Elles se marient très bien avec l’interprétation très instinctive de Bouli Lanners.
Se situant dans les magnifiques paysages gris et vert de l’Ecosse, le dernier film de Bouli Lanners est absolument magnifique.
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le 3 avr. 2022
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