Musique, danse, travail et passions. Des répétitions à l’administration, l’Opéra de Paris lève son rideau et dévoile ses coulisses lors d’une saison riche et complète.
Miroir, mon beau miroir, dis-moi ce que tu dissimules derrière ton tain précieux… Car, au-delà du faste fièrement affiché, l’Opéra de Paris est un vivier d’humanité. La solennité du lieu peut tenir à distance. Mais le génie helvétique de la caméra si discrète de Jean-Stéphane Bron nous ouvre ses portes et nous y immerge au fil des rencontres. La direction, d’une modestie inattendue, ne s’autorise même plus à se définir comme la plus grande institution lyrique du monde. Du haut de son huitième étage, Dieu le père – Stéphane Lissner – contemple son œuvre. Son bureau domine les toits de Paris, Notre-Dame et la Tour Eiffel. Respecté, il laisse poindre une humilité lacrymale quand menace une grève générale ou à l’appel des applaudissements enthousiastes d’une première. Jeune baryton-basse en devenir, chorégraphe star, chef d’orchestre et belle étoile se découvrent furtivement, sans que soient négligées les milliers de mains qui s’activent des combles au sous-sol pour que le spectaculaire continue. Les séquences impressionnistes à l’émotion multiple se succèdent sur la longueur. On sourit de bon cœur quand un chanteur croche sur le « r » de « Bratwurst » ou qu’une jeune élève refuse de mettre en colère son violoncelle. On se fige lors d’une minute de silence hommage aux victimes du Bataclan ou à l’écoute de ces enfants défavorisés qui élargissent leur horizon en jouant sur des cordes sensibles. Art, culture, lyrisme, ego et souffrance de la beauté crée un dédale politique, économique et social, bribes symboliques de toute une nation qui nous entraînent avec un certain bonheur.
7.5/10
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