L’Opération Corned-Beef ne brille pas par sa finesse. Jean-Marie Poiré commence à pouvoir mettre en place le cinéma qui fera son succès dans les années 1990 : humour qui tache avec duo mal assorti, action pétaradante et rythme effréné. L’ouverture du film en est la parfaite illustration avec l’affirmation de ce goût douteux à faire se cartonner les voitures et à les faire exploser. Cette parodie d’espionnage est, évidemment, l’occasion pour Jean-Marie Poiré de se faire plaisir avec un lot conséquent de voitures bousillées et de cascades en tout genre.
Le résultat est forcément fatigant avec un découpage très serré, des scènes d’action très US mais pas toujours bien maîtrisées, un côté visuel burlesque, et un jeu d’acteur forcément appuyé pour entrer dans le moule. Certains estiment qu’avec ce film, Poiré cherche le style qui fera son succès avec Les Visiteurs. Je suis enclin à penser qu’il l’a déjà trouvé. L’histoire est ici un peu moins amusante mais le résultat est équivalent. L’atout ici du film est son joli duo qui s’oppose avec efficacité (mais avec bien moins de finesse que dans un Veber).
Si Jean Réno et Christian Clavier surjouent par moments, certaines situations sont amusantes et leur confrontation fait des étincelles. Ce n’est pas formidable, Poiré pète clairement dans la soie, mais cela se regarde un jour où on n’a pas mal à la tête sauf si, bien sûr, on est épileptique.