Sébastien Marnier (l'heure de la sortie, ...) revient avec son troisième film: "L'origine du mal". Où Laure Calamy tient la tête d'affiche de ce film aux apparences de drame familial. Alors drame tendu ou mélo navrant ?
C'est indéniable, "L'origine du mal" est une très belle surprise ! Un film qui reprend les codes du drame familial voire de la comédie noire, pour ensuite tout retourner et nous entraîner dans un engrenage plein de tensions. Un film à voir absolument.
Visuellement, le réalisateur maîtrise sa mise en scène, ce qui donne au métrage une force visuelle évidente. Bien que la photographie du film soit élégante, bien qu'un peu trop froide pour un film de cette trempe, Marnier se rattrape sur sa mise en scène qui laisse exploser toute la toxicité de son environnement, notamment ce grand manoir qui semble si somptueux de l'extérieur, mais qui s'avère être un labyrinthe anxiogène où nos personnages vont évoluer.
Le réalisateur déforme son environnement, ses personnages pour mieux nous laisser entrevoir leur monstruosité, ou nous laisser entrevoir une certaine fragilité et nous prendre d'empathie pour eux. Ce sont de subtils jeux de caméra et de mise en scène qui nous régale dans ce film, sans compter certains moments plus brillants encore, comme une scène de fin en split screen qui confère une puissance à ses personnages. Un métrage qui maîtrise parfaitement les codes des genres qu'il emprunte, et qui donnent une vraie force à ses personnages comme à son décor, sans pour autant tomber dans des effets pompeux.
Avec une maîtrise visuelle, nous pouvons aussi louer la finesse et l'efficaité du scénario, bien que quelque peu classique dans certains aspects. Le tout reste plaisamment construit, et nous entraîne rapidement avec lui ! Au début nous laissant croire que nous assistons à un drame familial et social, pour ensuite se plonger dans un thriller toxique. On se plaît à suivre cette histoire qui enchaîne les retournements de situation, pour nous laisser entrevoir qui est le véritable parasite de ce métrage, non pas cette famille aux apparences superficielles, ni la flamboyante Laure Calamy et ses travers et névroses, mais bien le patriarcat. Où Jacques Weber nous montre une figure de mâle destructeur et oppresseur, mais qui sera défait par cette sororité puissante qui saura s'unir pour mieux se libérer de son joug.
Son cast est tout aussi impeccable, à commencer par Laure Calamy qui est excellente dans son rôle ambivalent de jeune femme qui retrouve son père (ou ce serait peut-être autre chose.), mais Jacques Weber en mâle toxique aux faux airs fragiles s'impose à l'écran même avec dans ses plus courtes apparitions. Doria Tillier et Dominique Blanc sont aussi justes et ahurissantes en fille froide et mère désabusée, tantôt monstrueuses, tantôt attachantes, leurs personnages sont à l'image de leur jeu, complexes et noirs. Le tableau de personnages secondaires vient compléter ce grand puzzle, un sans-faute !
En conclusion, "L'origine du mal" se plaît à utiliser ses outils formels de mise en scène pour notre plus grand plaisir. Un film vénéneux, avec un cast impeccable et qui nous emporte dans son tourbillon noir et jouissif.