L'Ours, c'est la vhs qui a hanté ton enfance. La vhs que tu as tout fait pour éviter. Celle qui traînait sur le coin d'une étagère aux côtés de Bernard et Bianca et La Soupe aux Choux et que tu connaissais par coeur tant il était presque devenu rituel de la ressortir pour calmer tes ardeurs de gosse turbulent. Le gamin s'ennuie et extériorise en se castagnant la tronche avec son frangin contre les murs ? Pas grave, y a le magnétoscope et quelques vhs de secours. Le placard s'ouvre et tu y vois encore et toujours "L'Ours" écrit de manière fort appliquée sur son étiquette blanche... et là, tu espères... Tu voudrais tant que la cassette soit défectueuse et enfin pouvoir avoir accès à ses voisines qui ont des titres tellement plus aguicheurs comme "The Thing", "Alien", "Predator" ou "La Mouche", qui, bien que juste un autre animal, n'en reste pas moins hautement intrigant de par l'acharnement émis à vouloir te le faire éviter... Mais tu as 9 ans, et tu es un enfant, il te faut un film pour enfants, alors on te remet L'Ours. Mais L'Ours n'est hélas pas (que) un film pour enfants, et si les parents aiment à voir leurs marmots comme l'ourson du film, beaucoup d'entre eux sont, loin de leurs aïeux, plus semblables au gros mâle qui déracine des arbres et égorge des cerfs.

C'est pour ça que vous n'aimez pas L'Ours ! J'en suis persuadé putain ! C'est à cause de ce souvenir frustrant teinté de douceâtre et amère mélancolie que vous vous inscrivez sur SensCritique et le notez salement comme des bourrins aigris ! Avouez barbares ! Mais il faut revoir L'Ours avec un oeil plus adulte qui a appris le besoin de la simple contemplation pour un voyage en enfance plus évident qu'il ne l'était durant l'enfance elle même et pour le putain de plaisir des yeux.

En ce 21ème siècle, le film animalier pour grand écran a eu de beaux jours, et il n'est pas une famille de mammifère dont on ne voit pas un représentant au moins une fois sur le coin d'une pelloche, suivis par les oiseaux et les insectes et autre faune grouillante. Tout y passe dans des espoirs de nouvelle référence du genre, d'accéder au simple "beau" à grand renfort de grosse B.O. et de voix off plus ou moins prononcée. Seulement aucun d'entre eux n'est arrivé à retrouver l'équilibre parfait qu'on a dans L'Ours, entre film animalier et pur cinéma, dans une qualité de réalisation et de mise en scène inégalée. C'est une cascade de plans majestueux qui déboulent sur l'écran pour illustrer une histoire extrêmement bien rythmée et simplement mais efficacement racontée.

Mais bref, c'est pas pour ça en fait que j'parle de L'Ours. Je parle de ce film pour l'ours, l'animal, qui, au delà d'être en dehors du film ma plus grande passion quadrupède (vivant actuellement, cela va sans dire), est ici montré comme jamais, absolument magnifique. J'ai pas envie d'évoquer l'ourson glapissant ni le décès de la mère qui fait de la concurrence à E.T. dans la série des "CE FILM M'A TRAUMATISÉ BORDEL !" ni même la splendide séquence du puma en chasse, tous muscles tendus. Non. Ici, j'ai juste envie de parler de Bart.

Bart, c'est le gros. La peluche massive qui arrache des arbres sans effort, fait vibrer des rochers et décapite des cervidés et autres chevaux d'une mandale. Ce truc énorme, animal de 750 kilos et de plus de 3 mètres de haut, monstre de puissance destructrice et modèle de grâce pataude, titanesque incarnation de l'ambivalence sur pattes et magnifique force tranquille, est juste la 8ème merveille du monde.
Bart the Bear, un ours-acteur qui s'est illustré dans nombre de films à l'instar de sa mère qu'on avait vu dans "Grizzly" de 76 (ouais, on est acteur de mère en fils chez les "The Bear"), est à n'en pas douter un des plus beaux représentants de sa splendide espèce, l'ours Kodiak, le plus gros prédateur terrestre.

Voir ce film aujourd'hui est constamment une redécouverte touchante et émerveillante (Si.). Cet animal est l'incarnation d'une facette du mot "beau" voir même "poétique" (je ne connais plus aucune limite quand je parle d'ours...). Il marche en chaloupant avec toute la grâce du monde, se frotte le dos avec classe, baffre des champignons et de la bidoche fraîche en fin gourmet et se dresse de ses trois mètres de pure majesté comme un splendide titan pour rugir un peu de toute la force du règne animal.

C'est juste magnifique en fait.
zombiraptor
9
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le 2 oct. 2013

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zombiraptor

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