Il a fallu beaucoup d'imagination et de patience à J.J. Annaud pour capter les scènes émouvantes, drôles ou parfois cruelles de cette fabuleuse aventure animalière. Car il y a des scènes de pure comédie et de mélodrame que les 2 plantigrades ont dû réellement jouer (le désarroi de l'ourson à la mort de sa mère, la blessure et le boitement, la cohabitation du grand et du petit, le face à face avec le chasseur... quel boulot pour les dresseurs), et l'exploit c'est d'avoir employé de véritables ours et de n'avoir aucun effets spéciaux.
Certes, le scénario est très sommaire, on se contente de suivre un ours Kodiak adulte et un ourson dans une pérégrination afin d'échapper à des chasseurs, il n'y a pratiquement pas de dialogues, et les seuls humains sont assez discrets, les stars, c'est les ours. Une fois qu'on a accepté ce concept, on se laisse emporter par la beauté des images et d'un décor naturel à couper le souffle, c'est un hymne à la nature (avec une vision parfois un peu contemplative), une ode à l'amour dont on sort le regard lavé et l'âme purifiée, en même temps un beau challenge technique pour Annaud, car la caméra prend le point de vue des animaux, et l'émotion est bien là !
L'Ours est un de ces rêves un peu fous qui font les grands films et les vrais cinéastes, une grande aventure lyrique qui alterne une vision rose à la Disney et la brutalité de la vie sauvage, si bien que c'est paradoxal à dire, mais le film est plus destiné aux adultes qu'aux enfants, certains moments risquant même d'effrayer les petits.