L'Outrage
6.5
L'Outrage

Film de Martin Ritt (1964)

Sous une pluie torrentielle, trois individus s'abritent dans une maisonnée isolée au coeur du désert, dont deux paraissent plutôt soucieux. Surtout le prêtre. Cette introduction vous rappelle peut-être quelque chose ? Sans doute que si j'ajoute qu'ils sont tous deux témoins d'un sordide procès pour le meurtre d'un homme, lequel décès sera raconté par 4 points de vue différents...

Et oui, autant le dire tout de suite, ce western est l'adaptation du Rashômon de Kurosawa (1950), lui-même basé sur des nouvelles écrites par Ryunosuke Akutagawa. Une copie presque conforme dans le fond de l'oeuvre du maitre japonais, puisque les lignes de dialogue, le montage des scènes, le jeu d'acteur et même la réalisation nous rappellent sans cesse Rashômon. Les situations sont pratiquement identiques, seule change la forme : costumes, contexte historique et géographique, identité des personnages, orientation culturelle. Le désert et les cactus remplacent les forêts japonaises pour nous offrir de splendides paysages.

Respectueux du maître cinéaste japonais, Martin Ritt a soigné sa réalisation et parvient à échapper au sort habituellement réservé aux adaptations d'oeuvres antérieures grâce à une simplicité de mise en scène et des dialogues constructifs. Pas de surprise évidemment quant au scénario pour quiconque a déjà vu Rashômon, mais une trame maitrisée et des situations convaincantes induites par une ambiance accrocheuse et une image de qualité. Quid du médium qui raconte le point de vue du défunt ? Un vieil indien s'en charge avec brio, comme quoi tout est adaptable...

Avec Paul Newman dans le rôle que tenait Toshiro Mifune dans l'oeuvre de Kurosawa, on peut dire que Martin Ritt a eu le nez fin. Non pas qu'il soit exceptionnel dans le rôle d'un bandito mexicain, mais au moins il limite la casse tout en gardant une certaine prestance dans un rôle qui aurait aisément pu virer à la mauvaise parodie. Les trois individus qui s'abritent de la pluie et discutent des tenants et aboutissants de la mort de cet homme sont également très convaincants dans leur rôle ; seule la femme du défunt peine à se montrer talentueuse... Sans doute le gros défaut d'interprétation de cette adaptation.

Loin de détrôner le monstre cinématographique de Kurosawa, The Outrage se révèle pourtant être une adaptation convaincante de contes japonais, et sa réalisation soignée, son ambiance intrigante, la beauté de ses paysages, ses lignes de dialogues à portée aussi symbolique qu'intemporelle et le soin apporté au travestissement en western de l'oeuvre de Kurosawa, tout dans le respect de l'oeuvre du maître, donne finalement un certain cachet à cette oeuvre de Martin Ritt. Il ne révolutionna pas le cinéma, mais il eût l'intelligence de garder simplicité, application et respect à l'esprit pour réaliser ce remake, ce qui fait de The Outrage un excellent divertissement.
Taurusel
7
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Créée

le 22 avr. 2013

Modifiée

le 26 avr. 2013

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Taurusel

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