Film d'Arcady réalisé en 1989, quelques années après l'attentat de la rue des rosiers en 1982 et la vague d'attentats de 1986 dont les responsables étaient des membres d'organisations terroristes palestiniennes.
Comme on dit vulgairement, le sujet était encore suffisamment chaud pour inspirer les cinéastes.
Là, dans ce film, l'idée originale est de sortir un peu de ce schéma pour faire un polar mené par deux flics que tout semble opposer mais que tout va réunir, pour enquêter sur une sale histoire de trafic de drogue organisée par des terroristes. Les deux flics sont français mais l'un est d'origine juive séfarade d'Afrique du Nord et l'autre est d'origine arabe, fils de harki.
Et ça marche, l'action est trépidante même si elle est un tout petit peu téléphonée. Le spectateur, complaisant que je suis, vibre avec nos deux flics qui luttent vaillamment contre cet ennemi de l'ombre qui n'hésite pas à s'attaquer violemment à des lycéens innocents ou à des passants et commerçants tout aussi innocents dans une rue du style de la rue des rosiers.
C'est magistralement mis en scène par Arcady, comme d'habitude et là aussi, le spectateur attentif, compréhensif mais indulgent que je suis toujours, en prend plein les mirettes et s'y croirait presque.
Le casting, formid'.
Patrick Bruel interprète le rôle du flic des stups, juif bien sûr. C'est un bouillant et efficace flic de terrain. Un peu soupe au lait, quand même. Voire hargneux et même parfois petit con. C'est le défaut de ses qualités. Efficace.
Richard Berry joue le rôle du flic arabe, agent à la DGSE, qui doit se coltiner le Bruel et sa hiérarchie. C'est la tête pensante, celui qui sait prendre un peu de recul … Très bon.
La hiérarchie des flics, c'est Bruno Cremer et Claude Brasseur, qui ont imaginé cette machine infernale, je parle du duo Bruel/Berry. Excellents, mais est-ce une surprise ?
Le reste du casting c'est les incontournables Marthe Villalonga, Lucien Layani en maman Bruel et oncle Jacob, Amidou dans le rôle du Kabyle, prince de Montmartre qui mourra par là où il a péché … Sans oublier Roger Hanin, en photo uniquement ...
La bande-son de Jean-Jacques Goldman est pas mal. J'ai bien aimé le morceau de Klezmer et "la chanson de Lisa"
Maintenant, prenons un petit peu de recul sur le film pour parler des quelques faiblesses …
Le scénario date un peu aujourd'hui car les choses ne me semblent plus si manichéennes en matière de terrorisme et paraissent plutôt beaucoup plus complexes.
Ensuite la relation amoureuse triangulaire entre Bruel, Berry et l'ex-femme de Bruel (Corinne Dacla) est non seulement assez invraisemblable mais carrément inutile. Heureusement, Arcady, dans sa grande sagesse, arrête les frais rapidement. Bruel, en chien tout fou et en amoureux transi, en fait quand même un peu trop. Aujourd'hui, il serait passible de harcèlement pour le dixième de ce qu'il fait dans le film …
La fin me parait tenir du fantasme mais comme tout fantasme, il ne peut qu'être entaché d'invraisemblance. D'ailleurs, le bandeau final ramène à la raison et dédouane un peu la fin. C'était bien un fantasme.
Au final, c'est de mon point de vue, un film policier qu'on peut se contenter de regarder au premier degré, c’est-à-dire l'alliance des deux flics et leur lutte contre des trafiquants de drogue et des terroristes. C'est un film très efficace malgré le caractère emporté et improbable de Patrick Bruel.