Déception, ô déception, tu m'as eu! Et à vrai dire je ne m'y attendais pas. J'avais un plutôt bon souvenir de ma première vision datant de la sortie en salle; je me rappelais l'ambiance dans la boîte et surtout le fameux passage 'fuck you'. Puis, ayant revu tout récemment les super 'Do the right thing' pour Spike Lee et 'The painted Veil' pour Edward Norton, j'étais vraiment d'humeur à savourer un bon film ce soir. Et bien non. Déception, ô déception, tu m'as eu!
En fait, je trouve que le film se repose essentiellement sur son message et non sur une histoire sincère. Alors oui, c'est bien de traiter du traumatisme post "nagne hiléveune", c'est-à-dire l'incertitude du lendemain, la peur, la remise en question (est -ce ma faute?), l'incompréhension (qu'ai je fait de mal, à partir de quand j'ai merdé??)... mais Spike Lee n'est pas très subtil dans la critique et je trouve que l'histoire en patit. Ce n'est pas que le scénario soit mal ficelé ou qu'il soit incohérent, non, ce n'est pas ça du tout... je trouve juste qu'au delà du discours il n'y a rien de bien passionnant. Autant "Do the right thing" possédait des scènes fortes et des personnages forts et complexes, autant ici, j'ai eu l'impression que Spike (j'me permets de l'appeler par son prénom) se contentait d'apposer l'étiquette "traumatisme" sur chacun de ses personnages, sans chercher plus loin une éventuelle histoire. D'ailleurs, même si l'auteur évite le manichéisme, il n'arrive pas à me rendre ses personnages attachant tant ils me paraissent tous vide (non pas qu'ils ont une vie vide, mais que leur personnification n'a pas été travaillée). Et pour revenir à la scène du 'fuck you', je l'ai trouvée assez puérile, inutilement longue, prétentieuse. Comme dit Larry David, les insultes, ça flashe ça percute, mais c'est tellement plus fort quand on arrive au même résultat sans gros mots.
La mise en scène m'a finalement souvent parue un peu trop tape à l'oeil. Des effets de montage qui ne servent à rien sinon dynamiser cette histoire creuse, donner l'impression qu'il s'y passe quelque chose (un peu comme pas mal de séries où la caméra devient folle quand un personnage décide de se servir une jatte de café). S'il est toujours permis d'apprécier le savoir faire de Mr Lee (je me permets de l'appeler monsieur) au travers de quelques bonnes séquences à l'esthétique léchée (l'intro)ou à l'ambiance hypnotisante (la boîte) , il faut tout de même avouer que certaines autres manquent totalement de subtilité (la scène fuck you, ou encore la séquence des tours détruites avec sa musique poussée à fond).
En bref, je ne me suis pas trop ennuyé, mais j'aurais préféré assister à un débat de philosophes et de politologues pour avoir un avis un peu plus creusé, ou alors avoir affaire à une vraie histoire qui m'aurait laissé un souvenir plus pertinent qu'une simple scène de fuck you et une ambiance de boîte (car c'est encore ce que je retiens de plus facilement après ce second visionnage). Je ne recommande donc pas ce film dans lequel l'engagement et le discours dépassent le simple entertainment, qui, au fond, peu importe le sujet ou le budget, est ce que le spectateur cherche avant tout (mixé ou non avec un zeste de réflexion).