J'avais très envie de voir un film sur la guerre d'Indochine, conflit trop souvent oublié à mon goût. J'ai donc regardé la 317ème section, film en noir et blanc de 1965 réalisé par Pierre Schoendoerffer. Mai 1954. La 317ème section cantonnée dans le Nord du Laos doit rejoindre le poste de Tao-Tsaï pour porter secours au camp de Diên Biên Phu. Quatre cadres français dont le sous-lieutenant Torrens fraîchement sorti de l'Ėcole de St Cyr, interprété par Jacques Perrin, et l'adjudant Willsdorf, sous-officier expérimenté, baroudeur, connaissant bien "l'Indo", magnifiquement interprété par Bruno Cremer vont devoir accomplir cette mission, accompagnés par une quarantaine de supplėtifs laotiens. Au cours de cette terrible marche, rien ne leur sera épargné : la traversée de la jungle, la mousson, les animaux, les rivières en crue, les hommes constamment harcelés par les combattants adverses dix fois plus nombreux. La confrontation entre le sous-lieutenant et l'adjudant est très intéressante et finira par aboutir à une fraternité virile. Au début le vouvoiement est de rigueur. On respecte la hiérarchie militaire, puis le tutoiement s'impose peu à peu. On apprend à se connaître, à se confier, à s'apprécier, même si des divergences subsistent notamment sur le sort des blessés. L'adjudant, avec l'expérience du terrain qui le caractérise, dit à son lieutenant : "Quand on fait la guerre il y a une chose dont il faut être sûr. L'objectif à atteindre justifie les pertes, sans ça on ne peut pas commander". Malheureusement au fil des combats la section sera en partie anéantie. Le choix judicieux d'avoir tourné ce film en noir et blanc accentue la tension permanente que vont ressentir ces hommes , leur souffrance, leur sueur, la moiteur de cet environnement . L'adjudant Willsdorf s'en tirera mais pour combien de temps et en combattant ensuite pour quelle autre guerre? L'absurdité de la situation réside dans le fait qu'au même moment à Genève siégeait la conférence qui mettra fin à la guerre d'Indochine.