L'un des meilleurs films de guerre français
La 317ième section fait partie des rares filmes traitant de la guerre d'Indochine, celle, moins connue car moins médiatisée dans le temps long, qui précéda le conflit vietnamien dans lequel l'armée américaine et la nation américaine toute entière, s'embourbera jusqu'au cou.
En 1954, la 317e section locale supplétive doit abandonner le petit poste de Luong Ba à la frontière du Laos, et rallier Lao Tsaï à cent cinquante kilomètres plus au sud, à travers la jungle, le Viêt-Minh, et les rivières en crue. À la tête de cette section majoritairement composée de supplétifs cambodgiens, le jeune sous-lieutenant Torrens (Jacques Perrin), tout droit sorti de l'école de guerre, et l'adjudant Willsdorf (Bruno Cremer, décédé il y à peu), ancien "malgré-nous", vétéran de la seconde guerre mondiale et entre autres, de la très violente bataille de Tcherkassy.
Livrée à elle-même, presque sans contact avec "l'extérieur" (si ce n'est Radio France-Asie émettant encore et donnant quelques fois, des nouvelles de la bataille de Dien Bien Phu), la 317ième section affronte la jungle et l'ennemi à la fois omniprésent et invisible. Ici, pas d'action à rallonge, c'est une guerre d'embuscades (tant françaises que vietnamiennes), une vraie, les affrontements sont courts et brutaux, sans pitié, entrecoupant d'interminables marches et cela jusqu'à l'embuscade finale. La violence demeure cependant retenue, masquée derrière l'épaisse végétation alors que l'on évolue aux côtés de la section, comme si l'on était l'un des leurs (la caméra est, en effet, placée de telle manière que cela peut toujours être la place à laquelle un soldat aurait pu se trouver) ; le fait que l'intégralité du film ne soit vue que du côté de la section renforce davantage l'isolement de cette dernière, tout comme y contribuent également le son, soigné.
Le réalisateur, Pierre Schoendoerffer, ancien du service cinématographique de l'armée et vétéran de la bataille de Dien Bien Phu, présente avec ce film la guerre d'Indochine elle-même, ou plutôt sa fin que cela soit les comportements, les combats, les lieux et la population civile. Le caméra, généralement fixe, ne sur dramatise pas l'action ni ne nous impose d'incessants va-et-vient et caméras tremblotantes si chères aux productions modernes et souvent mal mises en œuvre. Filmé en noir et blanc, la 317ième section est à la fois lointain (par l'absence de couleurs) et proche (par sa mise en scène et les personnages, soignés) de nous.
Sans réel scénario (celui-ci tient sur un post-it), la 317ième section parvient à nous emmener loin de notre fauteuil et à ne pas le quitter pendant toute la durée du film. À voir et éventuellement revoir, si l'on a une soirée de libre.