Anecdotique mais pas désagréable.
Le journaliste François Armanet adapte son propre roman autobiographique, proposant une comédie de mœurs située au mitan des années 60, à l'époque où les minets vont frimer sur les marches du drugstore des Champs-Elysées, affichant fièrement leur pulls shetland et leur mocassins Weston.
Film générationnel par excellence, "La bande du drugstore" narre les élans du cœurs et du corps d'un quatuor de jeunes gens bien nés, au moment où les élites parisiennes goûtent à la libération sexuelle, un peu avant sa démocratisation imminente.
François Armanet signe donc un film indéniablement superficiel, mais peut s'appuyer sur une reconstitution soignée (fringues, accessoires) et une formidable bande originale, à dominante rock et rythm'n blues. Pour résumer : le film fait peu, mais le fait bien.
D'autant que si les quelques maladresses de mise en scène rappellent qu'Armanet n'est pas du métier, la photo signée Guillaume Schiffman est une réussite.
La distribution est à l'image du film, contrastée : si le réalisateur fait preuve d'une belle intuition dans le choix de ses comédiennes, révélant la douce Cécile Cassel et la délurée Alice Taglioni, le casting masculin laisse à désirer, avec le duo Aurélien Wiik - Mathieu Simonet (tous deux recyclés ensuite par la télévision).
L'idée était louable de choisir des héros plutôt antipathiques (les minets étant avant tout des frimeurs égocentrés, cultivant un cynisme de privilégiés), mais le rôle des comédiens devenait justement crucial pour maintenir un équilibre, et rendre leur personnage attachant malgré tout.
Cet objectif n'est pas forcément tenu, les deux compères apparaissant surtout comme des têtes à claques.
Autant dire que "La bande du drugstore" en rebutera plus d'un, mais pour ma part j'aurai plutôt apprécié ce bref retour dans les sixties, rendu tangible par le choix de seconds rôles emblématiques de cette période, tels que Jacques Lanzmann, Romain Goupil ou Alain Bashung.