Costumier et décorateur de formation, Mitchell Leisen est aussi un réalisateur tout à fait honorable qui mériterait sans doute une découverte plus approfondie.
La Baronne de minuit possède en tout cas tout ce qui faut pour plaire aux amoureux de comédie américaine des années trente. D'abord une histoire gentiment farfelue qui mélange le conte de fée cendrillonesque et les différences de classes, avec une héroïne qui débarque de Monte Carlo à Paris par un soir pluvieux ne possédant en tout et pour tout que sa robe de soirée et un sac à main presque vide... De sa rencontre avec un charmant chauffeur de taxi et de son intrusion à une soirée huppée naitra un film particulièrement charmant qui saura rebondir après des débuts tonitruants, avec une scène de petit déjeuner mémorable et un procès qui ne l'est pas moins.
Rajoutez à cela deux acteurs en forme : une Claudette Colbert, particulièrement à son aise et un Don Ameche très assuré qui porte la vareuse et la casquette comme peu d'êtres humains sur terre... Le tout est entouré d'une brochette de comédiens talentueux : la mesquine Mary Astor et son menton fuyant, Monty Wooley en juge impitoyable et John Barrymore en pygmalion moderne qui s'offre presque la gourmandise d'un Sacha Guitry.
Billy Wilder est au scénario, Charles Lang à la photographie. ça se dévore en une petite heure et demi et il y a une scène de conga au milieu, d'ailleurs, rien que pour elle, Scritch aurait pu rajouter un point...
A noter enfin que le notable Français ne s'appelle pas Gallimard, comme dans 13 rue Madeleine, mais Flammarion, comme ça, pas de jaloux...