J'ai revu ce film que j'avais bien apprécié étant gamin, malheureusement dans une hideuse copie colorisée sur ParisPremière qui vous aplatit l'image et fait baver des couleurs fadasses, bref j'aurais préféré le revoir dans son beau noir et blanc d'origine.
Au-dela de ce désagrément, j'ai pris plaisir à retrouver la bande de doux dingues de Robert Dhéry dans cette agréable comédie française telle qu'on en faisant à l'époque, sans vulgarité et sans prétention. Le scénario est basé sur une idée amusante qui pourrait arriver à n'importe qui. Dhéry porte un regard chaleureux sur un petit quartier populaire peuplé de gens attachants, tout en abordant un sujet très actuel en ce début d'années 60 : le désir de chaque Français d'acheter une auto. Par la peinture très juste d'un milieu populaire, par son sens du détail et de la caricature humoristique, un peu à la manière de Jacques Tati, Robert Dhéry réussit un de ses meilleurs films. Pas étonnant donc qu'il ait été un triomphe et qu'il réalisa les plus grosses recettes de 1961.
L'humour bon enfant est marqué par son époque, les gags sont simples, parfois éculés, mais curieusement ils font encore leur petit effet. Dhéry incarne un gars débrouillard aux prises avec un encombrant symbole de prospérité qui nuit à sa liberté, car il s'aperçoit que sa belle Oldsmobile lui apporte autant d'agréments que de problèmes. Certaines situations sont souvent désopilantes, l'ensemble est riche d'invention visuelle, et mené tambour battant grâce à une joyeuse équipe d'acteurs qui campent une galerie de personnages pittoresques, jusque dans les 3èmes rôles.
L'un des intérêts du film est justement la ribambelle d'acteurs qui défilent dans des scènes souvent très courtes, et dont certains n'ont parfois que 2 ou 3 répliques ; on y trouve pêle-mêle Pierre Dac, Jacques Fabbri, Jean Lefebvre, Jacques Charrier, Christian Marin, Michel Serrault, Roger Pierre, Jean-Marc Thibault, Fernand Raynaud... sans oublier la bande habituelle à Dhéry avec sa femme Colette Brosset, Jacques Legras, Robert Rollis, Jean Carmet, Jean Richard, et bien sûr Louis De Funès qui retrouvait cette bande de farfelus depuis Ah les belles bacchantes !. Il a ici un rôle un peu plus conséquent, car il venait de se faire nettement remarquer dans la Traversée de Paris et Ni vu, ni connu, il utilise déjà son arsenal de mimiques et continue à parler en roulant les R de façon très amusante.
Voila donc une comédie rafraîchissante, certes un peu obsolète, mais qui procure le plaisir d'un divertissement satirique, sans méchanceté ni vulgarité. A redécouvrir (mais alors, en évitant l'horrible version colorisée).