Force est de constater que le cinéma de Robert Dhéry et Robert Dhéry lui-même sont un peu oubliés aujourd'hui. Et pourtant dans les années 50-60, Robert Dhéry à la tête de la troupe de théâtre "les Branquignols" enchainaient succès sur succès que ce soit au théâtre ou au cinéma.
Pour ce qui concerne "la Belle Américaine", le scénario est imaginé pat Pierre Tchernia, le célèbre animateur de la télévision, cinéaste et cinéphile mais surtout ami des Branquignols qui se tailleront la part belle dans le casting du film.
Le film est en quelque sorte une variante du contre-proverbe "l'habit fait le moine". Il a suffit d'un enchainement de circonstances pour que Marcel Perrichon (Robert Dhéry), ouvrier et habitant un quartier pauvre de Paris achète pour un prix dérisoire une grosse voiture américaine entrainant une succession de situations rocambolesques et comiques. Ainsi Marcel Perrichon apprendra à ses dépens qu'un ouvrier ne doit pas avoir une voiture plus belle que celle du directeur ou encore que la possession d'une grosse voiture américaine ouvre des portes insoupçonnées dans la haute société.
Du film, aujourd'hui, reste ce comique de situation qui joue sur les oppositions comme la présence d'une énorme voiture dans un quartier populaire qui se voit comme une mouche dans un verre de lait. Evidemment, cette opposition était à l'époque des "trente glorieuses" d'autant plus marquée que la "voiture" était le symbole de la vraie réussite dans la société (française) et commençait à peine à se démocratiser. Autant dire qu'une énorme voiture luxueuse tenait du fantasme dans un quartier populaire. Mais soixante ans plus tard, a-t-on tant évolué que ça ?
Autre type de comique de situation, c'est dans la haute société qu'on le trouve. Lors de la réception, les gens (pourtant nantis) qui s'empiffrent au buffet quitte à glisser des petits fours dans les sacs à main. Ou bien encore, le ministre, plutôt inculte et infantile lorsqu'il se trouve dans la belle américaine, qui trouve en Perrichon, les réponses que les hauts fonctionnaires, malgré leur morgue, ne sont pas foutus de trouver. Soixante ans plus tard, je ne suis pas convaincu qu'on ne puisse pas trouver des situations réelles équivalentes.
Comme je disais plus haut, une grande partie du casting est composée de la troupe des Branquignols avec des acteurs qui ont largement fait leur chemin depuis soit en seconds rôles de talent soit comme rôles principaux au cinéma. Sans vouloir en faire la liste, on prend plaisir à trouver tous ces jeunes acteurs qui parfois ne contribuent qu'à une ou deux répliques (Carmet, Serrault, ...) mais pimentent le film avec leur intervention burlesque ou saugrenue.
Dernier point : le film en DVD est visible sous deux aspects soit colorisé soit noir et blanc (avec le dernier plan en couleur !). Je recommande de bien visionner ce film en N&B qui a été correctement remastérisé et d'oublier la version colorisée dont les couleurs sont instables et brouillées dans les scènes de mouvement quand même assez nombreuses.
"La Belle Américaine" reste un divertissement de bon niveau. De nombreux gags restent désopilants et la satire de certains comportements, qui se veut enjouée, reste efficace.