La belle Américaine est un film réalisé par Robert Dhéry qui en tient également le rôle principal - en compagnie de la voiture, il menait alors une troupe de comédien nommée les Branquignols très populaire en leur temps bien qu'un peu tombés dans l'oubli et assez méconnus aujourd'hui.
Ici, il incarne le rôle de Marcel Perrignon simple employé d'usine qui va un jour réaliser une affaire en or en acquérant une belle voiture américaine à un prix bradé. Cette intrigue va être l'excuse à toute une série de malentendus et de quiproquos basés principalement sur l'opposition entre le « standing » de cette sublime voiture et la « condition sociale » de son nouveau propriétaire.
Le film est un peu ancien, puisqu'il est sorti en 1961 et aujourd'hui cette opposition entre le propriétaire et l'automobile serait probablement un peu moins choquante, mais surtout moins prétexte à ce comique de situation qu'exploite très bien le film. Ainsi, on pourrait penser que le film a un peu vieilli, mais si on le remet dans le contexte de l'époque, dans une France alors encore en pleine période des 30 glorieuses, déjà avoir une voiture n'était pas forcément donné à tout le monde - il n'y a qu'à voir le beau-frère de Perrignon incarné par Christian Marin qui vend des confiseries dans une roulotte tirée par un cheval.
Mais surtout la voiture témoignait, dans cette France d’alors, d'une sorte de réussite sociale, ainsi avoir une voiture telle que celle de Marcel Perrignon faisait forcément de vous quelqu'un, quand bien même vous n'étiez en fin de compte qu'un français moyen.
Tout ça pour dire qu'en plus d'être une représentation assez intéressante socialement de la France de l’époque ; remis dans son contexte la Belle Américaine était une excellente comédie en attestent ses 4 151 161 d'entrées plaçant le film neuvième du box office lors de l’année de sa sortie.
Quant à savoir si l'humour a vieilli et si le film fait encore rire aujourd'hui ? Évidemment cela reste propre à chacun, mais à titre personnel oui les différentes péripéties arrivant à notre héros à bord de sa voiture après s'être fait engager comme chauffeur et essayant désespérément de rentrer chez lui m'ont beaucoup fait rire. Cependant, cela n'arrive que dans la seconde partie du film et dans la première si le film parvient à montrer quelques gags amusants cela reste relativement calme et secondaire, on pose d'avantages le contexte, la situation, pour préparer cette deuxième partie qui s'avérera elle davantage sujette à l'humour et peut-être moins à une réelle intrigue.
Ainsi on a un film découpé de manière assez distincte en deux parties, mais c'est un constat, quelque chose que je remarque à posteriori et qui en réalité ne m'a nullement gêné lorsque je l'ai visionné… mais peut-être cela en dérangera d'autres ce que je comprendrais complètement.
Non, s'il y avait un réel reproche que je devrais faire à l'intrigue du film c'est qu'une certaine personne cherchant à tout prix à récupérer la voiture jusqu'à la fin de cette première partie disparaît complètement de la suivante après s'être frottée au refus ferme de Perrignon. Elle qui semblait pourtant accorder une grande valeur sentimentale à cette « belle américaine » ce révèle finalement assez peu déterminée et persévérante à l'idée de récupérer ce bien…
A noter également que le film est aussi excellent pour jouer au jeu du « tiens il est là-dedans, lui aussi » puisque le casting compte une multitude de second rôle culte du cinéma français de l'époque parmi lesquels Claude Pieplu, Pierre Dac, Jean Lefebvre, Jean Carmet, Michel Serrault ou encore Louis de Funès quelques années avant qu'il ne devienne une star de premier plan et qui fut d'ailleurs un membre récurrent de cette troupe des Branquignols avec qui il tourna également Ah ! les Belles Bacchantes et Le Petit Baigneur.
La belle américaine est donc une comédie des plus sympathiques misant avant tout sur le comique de situation ; burlesque (certains passages faisant penser légèrement à du Charlie Chaplin). Témoignage rétrospectif de la France d'alors et sans doute l'un des meilleurs films d'une troupe de comédiens injustement oubliés.