La Belle de Moscou est un remake, en mode comédie musicale, du chef-d'œuvre d'Ernst Lubitsch, Ninotchka, avec Greta Garbo (1939). L'anticommunisme primaire et caricatural n'est cependant pas accompagné d'une ode au capitalisme américain, mais plutôt à la beauté de Paris, à l'art de vivre français, et aussi au climat, qui semble être une raison non négligeable de fuir l'URSS. Le film critique aussi le cinéma américain de l'époque à travers le personnage de Peggy, l'actrice inculte, idiote, vulgaire et alcoolique, expliquant que le cinéma n'a pas besoin de bons réalisateurs et de bons scénaristes mais « du cinémascope, du technicolor à couper le souffle et du son stéréophonique » ! De même, la remarque d'un des Russes concernant le film sur Napoléon et la guerre de Russie (on tourne un film dans le film) : « Dans un film américain Napoléon est capable de gagner en 1812 ». Enfin, le caractère un peu « machiste » de certaines chansons est compensé, en partie, par la réflexion de Ninotchka à Steve qui est de vouloir lui « interdire de penser ». La Belle de Moscou et la dernière grande comédie musicale américaine, le dernier film de Rouben Mamoulian, et le dernier film, si je ne me trompe pas, où Fred Astaire danse. Il a alors 57 ans, danse encore merveilleusement bien mais n'est de tout de même plus au top. C'est d'ailleurs un peu le problème du film : les numéros musicaux sont tout de même un peu décevant, à l'exception de la splendide, et justement célèbre, scène où Cyd Charisse effectue sa mutation. On peut regretter aussi de voir le grand Peter Lorre réduit à faire des pitreries dans le rôle d'un apparatchik empâté.