L’analyse de votre serviteur :
33 millions, le budget de la Belle et la Bête. Pour la métaphore footballistique, il s’agit de l’offre qu’avait fait le PSG pour Juan Mata en 2013, et comme lui, la belle et la bête est meilleure lorsqu’il s’agit de faire le spectacle que pour marquer des buts (ou gagner des prix peut-être). J’arrête là la métaphore, je ne veux pas faire fuir les rares femmes qui pourraient me lire.
Ce que je voulais souligner, c’est que la Belle et la Bête est enfin un film français ambitieux. Comme toute bonne histoire de monstre qui se respecte (à part Godzilla), le conte se déroule en France dans sa version la plus répandue, et quoi donc de plus normal que de mettre les bouchées doubles pour enfin rendre à cette histoire ses lettres de noblesse. Pour une fois, pas de manque d’ambition donc. Et pour une fois, pas de critique de ma part sur l’absence de risques.
Au contraire, des risques il y en a eu beaucoup. Déjà, sur l’aspect poétique du film. Il y a, à mon sens, de nombreuses longueurs mais c’est très beau donc ça passe plutôt bien. Les décors sont magnifiques, aucun problème. On est dans le top en terme de présence graphique. Ensuite, sur la narration, qui se joue sur parfois trois plans. Ça passe très bien également. On ne peut que louer la manière dont est déplié l’éventail des différents personnages. Enfin, sur le parti pris de créer des personnages contrastés, ayant des parts sombres et des parts claires, pas méchants, pas gentils, mais obnubilés par leurs divers désirs.
Malheureusement ces risques ne suffisent pas. Il y a trop de ratés dans tous les sens.
Déjà, pourquoi prendre Vincent Cassel pour jouer la Bête ? Il a quatre scènes. S’il fallait un acteur avec du poil sur le torse, je faisais aussi l’affaire. Plus sérieusement, Cassel détruit la magie du film parce qu’on le connait trop. A chaque fois qu’on rentre dans le féérique parce qu’on ne reconnait aucun visage (ça passe pour Léa Seydoux dont on connaît moins le visage que…), on en sort parce qu’on voit la vilaine tête de Cassel rappeler qu’il a pour unique but de détruire notre havre de tranquillité.
Egalement, l’absence de rythme. Je veux bien que le film soit poétique, mais il ne se passe rien. Le film est long, long, long. Certaines scènes n’apportent rien. L’intrigue n’avance pas. Au final, on a l’impression qu’une histoire très courte dure super longtemps, parce qu’il y a plein de passages pathos greffés au milieu pour faire, au choix du réalisateur, émouvant, réaliste, ou pour gagner de la pellicule.
Et surtout, les personnages sont tous débiles. Entre le père grabataires, les sœurs abruties, les frères déglinguées, les chiens trisomiques, Belle qui pense qu’elle peut rattraper une biche à la course et qui change de mentalité comme de robe, sans aucune logique (elle est bipolaire, en plus d’être zoophile, la pauvre), la Bête qui est un gamin de quatre ans amoureux de son instit, parce que tout ce qui produit de la testostérone doit être con comme un balai à chiottes, et surtout la bande de bandits qui feraient passer ceux de Pirates de Caraïbes pour les vainqueurs de la Vénus d’or de Questions pour un champion, ON EST SERVIS EN GROSSE CONNERIE !
Donc c’est probablement fait exprès, peut-être que le conte est comme ça à l’origine, après tout. Mais moi je trouve ça débile et ça m’a gâché la poésie du film d’une certaine manière. Donc de la Belle et la Bête, je garderai le bel effort du cinéma français à sortir un film pouvant s’exporter avec un casting talentueux, des superbes graphismes et une certaine poésie, mais je tenterai d’oublier le navrant bestiaire qui peuple ce monde de fées.
La morale : Léa Seydoux n’est pas obligée de montrer son cul ou ses seins pour rayonner dans un film. Regardez-la.
La mention du critique : A la Belle et la Bête de Walt Disney. Regardez-le.