Ça se passe en Tunisie, après une révolution qui met toujours du temps à changer la société. Comme toutes les révolutions, penser que les gens changent du jour au lendemain est illusoire.
Ça se passe en Tunisie, ça pourrait se passer n'importe où. Ce genre d'histoire est arrivée en France, en Italie ; partout où il y a de l'abus de pouvoir.
Mariam est une jeune fille tunisienne qui a organisé une fête, symbole sans doute d'une jeunesse qui cherche une insouciance dans la nuit. Au milieu de la nuit, elle sera violée par des policiers et tentera d'obtenir justice. Une nuit d'horreur, de pression psychologique ; le parcours du combattant de beaucoup de femmes.
La Belle est la meute est une série de scènes en plan séquence, des fragments brut portés par Mariam Al Ferjani pendant 1h40 qui offre toujours plus de malaise. On est presque dans le film d'horreur, comme un piège misogyne et patriarcale qui se referme sur quelqu'un qui n'a pas conscience des enjeux. Mariam est seule, terriblement, et tous les hommes ont des intentions. Certains veulent l'instrumentaliser, d'autre la faire taire ; certains ont ce regard lubrique. Les femmes ne sont elles pas toutes d'une vraie aide, mais elle reste rares.
Il y a des effets de lumières, une mise en scène qui joue sur la profondeur des décors (des couloirs tortueux d'hôpital comme un labyrinthe, des bureaux de commissariat) et qui témoigne d'une chorégraphie soignée. Ce qui ressemble au début à une caméra qui ne fait "que se balader" devient peu à peu un témoin privilégié.
Je ne sais pas vraiment dire si j'ai aimé ce film. Est-ce qu'on peut aimer un film aussi violent ? La belle est la meute est un film qui va au-delà de ça : c'est un film sur le choc moral qui agite la Tunisie depuis la révolution, c'est aussi le drame intime de la voix des femmes qui se perd dans les questions malveillantes.