Tino Rossi incarne Franz Schubert pour Pagnol dans un film dont on se souviendra essentiellement qu'il est le premier et unique film en couleur du cinéaste. Avec sa perruque, ses favoris et ses lunettes rondes, Tino Rossi fait illusion en jeune Schubert...en dépit d'un léger embonpoint et d'une pointe d'accent corse! Cela n'a pas grande importance au regard d'un film bien passable.
Méconnu encore, Schubert taquine la muse dans une campagne bucolique et fait la connaissance d'un truculent meunier dont il s'improvise l'apprenti et de la fille duquel, Brigitte, il s'éprend. Promenades dans la nature, le long des ruisseaux, sérénades nocturnes sous la fenêtre de la belle (la joviale Jacqueline Pagnol, filmée comme toujours comme une gamine par un mari enamouré): Pagnol est en plein romantisme sur fond de musique de Schubert, évidemment, de ses lieds en particulier qu'interprète Tino Rossi.
On reconnait souvent la prose et les accents de Marcel Pagnol mais son sujet est tellement mièvre et anecdotique, le style tellement vieillot et la mise en scène si rudimentaire qu'on se demande en permanence quel intérêt (sa belle meunière?) Pagnol a trouvé à évoquer une simple jeune fille de la campagne dans sa chaste relation avec une future éminence musicale et historique réduite à un portrait dérisoire, insignifiant.