3615MAVIE
Avant de commencer à réellement rentrer dans le vif du sujet, je voudrais faire un petit aparté sur les films qui traitent d'histoire d'amour entre deux femmes. Parce que vous ne me connaissez pas et que j'ai décidé que je ne ferais pas de liste sur les meilleurs films traitant d'homosexualité et que je n'ai jamais fait de critique sur un film qui l'évoque. Et pourtant j'en ai vu beaucoup au cours des années et d'ailleurs beaucoup plus traitant de femmes. C'est un sujet qui me parle, qui m'émeut, me choque parfois. Je sais que je serais toujours touchée d'une façon ou d'une autre par un film traitant de ce sujet là. Je ne vais pas vous mentir, je vis aussi un peu par procuration grâce à ces films. Ce sont des tas d'histoires que je ne vivrais pas, ou en tout cas que je ne vis pas pour l'instant et que je n'imagine pas vivre prochainement. Alors comme ces films ont déjà pour eux de raconter quelque chose qui me touche toujours, j'essaye tout de même de garder quelques distances, j'essaye toujours d'aller au delà de mes émotions, et d'y trouver ce qui m'a plu au delà de l'histoire d'amour, mais aussi dans ce que le film veut raconter, et la façon dont c'est raconter. Je ne vous ment pas, parfois j'ai laissé un peu trop parler mon cœur (Kyss Mig, En secret...).
Et le film alors !?
Cette parenthèse c'est pour vous expliquer que La Belle Saison, c'est un film qui m'a plu, mais aussi surprenant que ça puisse paraître, ce n'est pas vraiment pour son histoire d'amour. En fait je trouve même que c'est la partie la plus faible de l'histoire. Je me demande même si elle ne sert pas plus à mettre en avant le contexte d'une époque. De plus, les multiples scènes de sexes entres les héroïnes, qui soyons honnête, passe la moitié du temps à poils, ne m'ont pas semblé très utiles. Je comprends cette volonté par ces nombreuses scènes de nous montrer cette relation passionnelle. Mais je crois qu'on pouvait le comprendre sans nous matraquer des courbes et des poils de Cécile de France.
Cette dernière ne m'a pas d'ailleurs toujours convaincu. Ou alors c'est juste son personnage qui m'a moins touché. Izia, de son côté, était époustouflante. Je ne vais pas vous cacher que j'ai cru à tout dans la prestation de celle-ci, à tel point que je me suis sentie heureuse avec elle, mais surtout mal avec et pour elle. Delphine était un personnage remarquable de justesse et Izia l'a habité. Noémie Lvosky, que j'adore, était elle aussi extraordinaire. Lors d'une scène en particulier j'étais tellement scotchée.
Ce que j'ai aimé dans ce film donc, au delà du personnage de Delphine, c'est ce contexte historique. Il y avait comme un vent de liberté à Paris et cette montée du féminisme, qui dénonce beaucoup de choses. Et à côté de ça, il y a cette vie à la ferme, complètement en décalée, machiste, figée dans le temps. C'est une vie de dur labeur, mais qui n'est jamais montrée du doigt. Delphine aime cette vie et on l'aime avec elle. Malheureusement elle est aussi accompagnée d'une réalité qui est parfois dur a accepter, mais qui est telle qu'elle est. Pour une citadine en pleine révolution comme Carole, un tel immobilisme des rapports entre les sexes peut sembler tellement étonnant qu'on en reste sans voix. Mais quand on a toujours vécu avec ces codes, dans une vie qui nous enferme autant qu'on l'aime, le combat à mener nous laisse les bras tombant, les poings serrés et l'envie de pleurer. Ce que j'ai aimé donc, c'est cette vie d'une époque pas si lointaine, qui ne juge pas complètement, qui montre simplement. Et cette fin, que je désirais tant et qui est arrivée. Parce que ça ne pouvait pas finir autrement pour Delphine et Carole.
Alors voilà, comme toujours, je vais voir ce genre de film parce que deux filles s'embrassent. Parfois c'est juste ça, parfois ça n'est pas assez, parfois c'est mal fait, et ici, c'était juste pas ça qui en faisait toute la force du film. Et finalement je préfère ça. Cette critique est aussi une spéciale dédicace à mon ami Ereinion, à qui je dis toujours avec un demi sourire « je t'assure que je ne dis pas que ce film est bien juste parce que deux filles s'embrassent ». Voilà, là c'est vrai.