Condamné et recherché pour soustraction de mineurs par ascendant, Yves et ses deux fils Silvain et Pierre vivent en cavale depuis de nombreuses années. C’est donc un road movie que nous livre ici Jean Denizot qui suit le parcours de ces trois clandestins vivant en marge de la société. Mais maintenant devenus grands, Silvain et Pierre veulent avoir une vraie vie. Tout leur quotidien de nomade en constant mouvement va changer, le jour où Pierre disparait et que Silvain rencontre son premier amour Gilda au bord de la Loire.
Le père se retrouve donc seul avec son fils et commence à se poser de nombreuses questions, se demander s’il ne devrait pas se livrer. Mais la relation entre les personnages n’est pas assez aboutie, parfois ambigüe. On se demande si le père fait du chantage pour que son fils reste, ou s’il veut se rendre pour la liberté de Silvain. Cette incompréhension provient surtout d’une mauvaise direction d’acteur, notamment pour Yves interprété par Nicolas Bouchaud, pour qui le jeu laisse souvent perplexe. Il y a une constante variation entre le père inquiétant, aimant, « baba cool », et le mauvais jeu enlève toute crédibilité au personnage.
L’histoire est tout de même prenante, bien que peu originale. Un assez bon rythme est tenu et le film n’est pas ennuyeux du fait que les protagonistes sont constamment recherchés et doivent donc toujours se cacher. La mise scène peu innovante et le scénario sans surprise laisse parfois entrevoir de belles séquences, comme celles au bord de la rivière, et d’autres prenantes, lorsqu’ils sont en cavales. Mais dans l’ensemble on se rapproche du téléfilm. La structure est simple et peu surprenante, et la fin ouverte reste une solution de facilité. Finalement le film ne se finit pas, il s’arrête là où cela peut devenir réellement intéressant.
Le premier amour de Silvain, qui est finalement au cœur du film, est malheureusement mal exploité. La relation entre lui et Gilda est étrange, pas assez approfondie pour que l’on comprenne ce qui va amener Silvain à vouloir quitter son père, pour rester avec elle. Silvain va donc être confronté à un choix. Tout comme son frère il veut la liberté, et pourquoi pas, avoir une belle vie. Doit-il alors partir et faire sa route pour rejoindre son frère, rester avec Gilda, où continuer de fuir avec son père ? Mais son choix est difficile à faire, et à comprendre.
L’image naïve du père, l’absence de la mère, tout fait que seule la nature, parfaitement mise en valeur, joue le rôle protecteur de Silvain qui depuis toujours vit dans la clandestinité. C’est là un des points forts du film. Les décors et les paysages. L’image est sublime. Et la Bo, belle et entrainante, agrémente ce travail esthétique qui est en accord avec la beauté et la simplicité du film, et en fait oublier tous ses défauts.
La belle vie ne révolutionne donc pas le cinéma, mais il fait passer un moment plutôt agréable, avec un récit certes simple, mais tout de même plein d’espoir, d’amour et de beauté, mais qu’on oublie vite….