Le fil narratif en parties à la fois mêlées et distinctes : on commence par un film faussement classique s’inspirant des héroïnes tragiques du XIXème siècle (Bovary, Karenine) puis l’on joue avec les codes du film d’intrusion comme Panic Room ou Scream avec comme lien entre les deux une dystopie dont le thème renvoie à de nombreuses histoires déjà lues et vues (les émotions trop humaines ont été effacées pour laisser place à la tech). Certains pensent à D. Lynch mais comment ne pas aussi y voir une SF façon Cronenberg ?
La question à se poser est la suivante : Qu’est-ce que cette Bête qui rôde ?
Petit Chaperon Rouge qui fuit le loup, le personnage principal semble surtout fuir un destin pourtant inexorable, celui de sa propre mort systématiquement associée à l’impossibilité de l’amour dans une société qui contraint les femmes et les hommes à ne pas pouvoir jouir de leurs sentiments.
Eléments « fil rouge » liés au décès : le pigeon annonciateur de mort tout comme les plans d’eau dans lesquels les catastrophes se déroulent, les voyantes et leurs prédictions fatales, et les poupées comme des attributs maudits façon Poupées de Sang ou Répliquants près à devenir humains.
Tous les styles se rencontrent et s’entrechoquent avec des passages oniriques d’une beauté visuelle époustouflante, des parties très arti travaillées au cordeau comme les scènes de boîte de nuit, ou encore de l’ultra-réalisme filmé au portable. Et que dire de ce jeu permanent avec les chiffres comme un compte à rebours désordonné qui présage (qui sait ?) une fin funeste.