La Bête est le premier film de Bertrand Bonello que je découvre et le monsieur a l'air d'en être tout particulièrement fier puisqu'il le définit comme son film le plus abouti, mais comme je n'ai pas de point de comparaison, je ne saurais savoir s'il dit vrai ou pas. En tout cas, c'est très attiré par le sujet que je me suis rendu en salles pour découvrir ce film de S.-F. à la (très, trop?) française d'une durée épique de 2h30 et qui adapte librement la nouvelle d'Henry James, "La Bête dans la jungle" où le protagoniste, persuadé d'être la victime d'un malheur à venir, ne s'engage pas en amour, passant ainsi à côté de sa vie.
Cette thématique, on la retrouve au cœur de La Bête qui, façon Cloud Atlas, se déroule sur plusieurs époques : dans le passé (1914), à une époque contemporaine (2014) et dans un futur proche (2044) où le personnage de Léa Seydoux, afin d'être plus productive dans son métier, devra littéralement se nettoyer le cerveau des sentiments de ses vies antérieures (ce qui a convoqué chez moi le souvenir d'Eternal Sunshine of the Spotless Mind). Alors, on ne pourra pas reprocher à Bonello de ne pas rendre les interactions entre les différentes époques et les vies antérieures de ses personnages principaux de manière organique à l'écran avec une légère préférence pour l'histoire de 1914 où l'on sent davantage la tragédie qui se noue entre eux.
Après, celle de 2044 où l'on éradique les émotions, au moins Bonello est raccord avec sa thématique puisqu'il est vrai que cette partie ne m'en a pas procuré beaucoup, ni même celle de 2014 où George MacKay joue un incel plus vrai que nature qui s'en prendra à Léa Seydoux pour on ne sait quelle raison, cette partie s'achevant d'une manière qui ne m'aura pas convaincu des masses. Parce que oui, le problème global que j'ai eu avec La Bête, outre les difficultés que son réalisateur a eu pour me faire oublier ses références en la matière et le manque d'empathie pour ses personnages, c'est son traitement beaucoup trop froid et élitiste qui ne sera pas passé pour moi.
Bref, je ne dis pas que La Bête n'est pas un grand film de science-fiction, peut-être l'est-il, peut-être ne l'est-il pas (je pense qu'il faut laisser du temps pour s'en rendre compte), je dis juste que le film de Bonello ne m'a pas parlé dans un genre qui d'habitude, me parle beaucoup!!