La Bête
6.3
La Bête

Film de Bertrand Bonello (2023)

C'est plus fort que moi, dès que je vois le visage de Léa Seydoux, j'éprouve une immédiate et profonde antipathie. Elle est peut-être la seule actrice à me faire cet effet, aussi incompréhensible que son succès auprès du gratin des réalisateurs.

Malheureusement pour moi, "La Bête" c'est grosso modo 95% de Léa Seyoux en gros plan pendant 2h25 (n'espérez pas économiser 10 min de générique, Bertrand Bonello a utilisé un artifice pour le raccourcir). Le film partait donc avec un énorme handicap.

L'histoire se déroule en 2044, où les IA gèrent la société. Le chômage a explosé, et le travail intellectuel est réservé à ceux qui ont purifié leurs émotions en explorant leurs vies antérieures. Gabrielle décide ainsi de se projeter dans deux vies, en 1910 et en 2014.

L'aspect SF partait avec de bonnes idées... qui ne seront cependant pas du tout explorées. Bertrand Bonello préfère se focaliser sur la partie dramatique, les relations dans une société où les sentiments sont élagués. L'amour répétitif à travers les époques. Et divers sujets très réflexifs.

Pourquoi pas, sauf que tout ceci est terriblement ennuyeux. Très franchement, la seule raison qui m'a fait aller jusqu'au bout du film, c'est mon intégrité morale qui me pousse à rédiger des critiques uniquement sur des films que j'ai terminé. Ce qui tient ici un peu du masochisme.

George MacKay, qui remplace au pied levé Gaspard Ulliel après son accident mortel, est plutôt convaincant en lui-même. J'ai d'ailleurs bien aimé sa prestation en incel flippant (apparemment basée sur un authentique tueur de masse de 2014). Mais son couple avec Léa Seydoux ne m'a pas paru crédible une seule seconde. Il n'y aucune alchimie. Les dialogues sont froids, peu naturels, on se croirait dans un mauvais Cronenberg.

Tandis que la mise en scène est austère. Des plans serrés sur les acteurs, quand certains passages sont carrément en 4:3. Un montage sonore très discret. Des décors laissés de côté par la photographie. J'ai eu l'impression que certaines scènes étaient tournées sur fond vert, et pourtant ce n'est visiblement pas le cas.

L'intrigue est quant à elle très décousue, et semble ne pas savoir où elle va. Attention, je n'ai rien contre les film intellectualisé (au contraire), ni contre les films brumeux à la David Lynch. Mais chez David Lynch, il y a du mystère, et du sensoriel. Ici, rien du tout !

Je sauverai quelques séquences prenantes (le passage dans la fabrique de poupée) ou quelques bonnes idées de réalisation. Toutefois c'est clairement beaucoup trop long et lent pour ce que ça raconte (ou que ça veut raconter), tant c'est abscons, limite prétentieux.

Apparemment le film a divisé son public. Si les 30 premières minutes vous paraissent pénibles, arrêtez-vous là ! Sinon, peut-être ferez vous partie des élus à qui le film a causé.

Redzing
4
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le 3 juil. 2024

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