Bonjour.
Étrange de constater que, plus se développent les moyens cinématographiques, plus le cinéma de notre époque a besoin de temps pour s'exprimer. De plus en plus difficile de concevoir un film qui dure moins de 90 mn. ? On passe à 120, 150, 180 mn. Pour dire combien de plus et combien mieux ? Planer sur toutes les époques pour un film intemporel ? Sans abuser de l'infinie patience du spectateur ? Ça devient l'expression obligée de combien est longue une vie quand on s'y ennuie, comme ces images à l'infini auxquelles on s'englue, cloués au fauteuil d'une salle où les décibels pleuvent à flots sur un silence social obligatoire.
La technique cinématographique finit par primer sur le spectacle. L'auteur fait ce qui lui fait plaisir et justifie sa présence. L'homme de l'art, c'est lui. Et il travaille pour son crédo professionnel. Il crée, donc il est, et ne s'adresse à personne. Au point qu'une interview de 15 mn soit nécessaire à faire passer 2 heures de messages. J'ai désespérément attendu d'accéder à ce supplément d'info, dans l'espoir d'enfin comprendre. Peine perdue. L'universalité de la peur dans l'amour, d'une époque à l'autre ne me semblait pas nécessiter si longue démonstration ni un commentaire.
Quant à l'aliénation sociale traitée en parallèle, elle est intriquée aux deux peurs, celle d'être découvert dans ses sentiments comme celle d'en être privé, par l'IA, par exemple. Mais la religion, depuis des siècles, est au moins aussi capable de ce haut fait.
En résumé, entre évidences et suggestions symboliques, je n'ai pas quitté mon siège de toute la projection de cette démonstration qui se voudrait délicate dans sa démarche, mais qui piétine sur trois époques, comme pour mieux convaincre de ce qui semble évident dès la 30ème minute. Le reste n'est que répétitions et agitation de symboles (poupées et visage de Léa Seydoux en gros clin d'œil) que l'on peut laisser découvrir à ceux qui n'ont pas encore vu un film à mourir d'ennui, au suspens sûrement plus adapté aux dames étasuniennes apeurées de tout, et que je ne reverrai sans doute pas.
Un bémol : des images de l'inondation de Paris vers 1910, qui ne sauraient que nous rassurer sur les caprices d'un climat pas si récents que ça. Voilà une peur de moins sur nos épaules : gens du 21ème siècle, nous ne serons pas les seuls damnés climatiques.