Tout le monde veut la Fraise, mais qui s'occupe de la Prune ?
Deux amies sur un banc, une blonde, la Fraise, une brune, la Prune.
- Fwiii Fwiiiuuu ! *sifflement enjôleur d'un jeune homme en direction du banc.
- *Wink* -clin d'oeil malicieux de la Prune.
- Mais que fais-tu ? s'indigne la Fraise.
- Et bien, un clin d'oeil, pourquoi ? rétorque la Prune, engorgée d'une fierté libertaire féministe.
La Prune agit pour attirer l'attention, la Fraise se contente d'être belle et se fait remarquer. Tout le monde a envie de la Fraise, personne ne s'intéresse à la Prune. Pourtant, la Prune n'a de libertine que l'apparence, quand la Fraise l'est dans son âme. De prétendants et d'admirateurs elles n'a que trop, la Fraise, ce qui pourtant ne fait rajaillir chez la Prune que tristesse et non jalousie malsaine. Malgré ce qu'elle décrète, la Prune a sa morale, au contraire de la Fraise qui la proclame avec pugnacité sans jamais en faire montre.
James Cagney se retrouve dans le rôle de Biff, -ancien- voyou fier et crédule qui n'hésite pas à laisser libre cours à son instinct de trouver le prétexte d'une nouvelle bagarre. Lorsqu'un jour passe devant lui Viriginia Brush, la fameuse Strawberry Blonde (notre Fraise), ses yeux et son coeur l'arrachant à toute réalité. N'existe désormais plus qu'elle, la seule femme à ses yeux qui vaille la peine de se démener pour se "l'approprier". Mais la pauvreté pécuniaire dont est victime Biff va s'interposer entre eux, problème que ne possède pas son ami d'enfance Hugo, lequel tente toutes les malignités habiles pour s'emparer de la fameuse Strawberry Blonde. Avec une naïveté parfois attachante, Biff tente de rester opérationnel dans ce concours de simulacres de charmes et de flirts avec la Fraise qui ne cesse d'entretenir un semblant d''espoir en Biff, perpétuant ainsi l'inévitable aveuglement dont est épris notre pauvre homme...
Sans être une référence de la filmographie de Raoul Walsh, The Strawberry Blonde se révèle tout de même une petite comédie sympathique et sans autre prétention que celle de se laisser regarder tranquillement. Car le charme des acteurs, notamment Rita Hayworth qui, telle une sorcière impitoyable, n'a pas manqué de m'envoûter de ses attributs enchanteurs malgré un personnage parfois détestable, ou encore un James Cagney parfait dans ce rôle pourtant atypique pour lui.
Séduction et légèreté semblent être les mots d'ordre de ce long-métrage qui n'emballera pas grand monde tout en parvenant à en charmer beaucoup. Walsh exprime quelques petites vérités sous forme de morale positive, telles que "Le bonheur se trouve parfois sous notre nez" ; "Regarde devant chez toi avant d'envier le voisin" "La blonde d'un soir n'est pas la (p)brune du lendemain" ; "La naîveté est un vilain défaut qui vous attire constamment des ennuis" ; "La bagarre n'avance à rien, même si parfois, ça fait du bien" ou encore "Les apparences sont trompeuses / L'habit ne fait pas le moine / Mensonge et apparence forment un couple formidable"...
Quant au dénouement de l'histoire de la Fraise et de la Prune, il est convenu et gentillet, mais je ne le dévoilerai pas.
Mention spéciale pour la musique And The Band Played On composée en 1897 par John F Palmer et Charles B Ward, popularisée par la suite, dont les effluves ne cessent de me trotter dans la tête... Allez, le refrain rien que pour vous -ou ne serait-ce que pour moi ? Peu importe :
" Casey would waltz with a strawberry blonde
And the band played on
He'd glide 'cross the floor with the girl he adored
And the band played on
But his brain was so loaded it nearly exploded
The poor girl would shake with alarm
He'd ne'er leave the girl with the strawberry curls
And the band played on. "