juil 2011:
La première fois que j'ai vu "La bombe", c'était au milieu des années 80, en pleine guerre froide, au ciné-club de mon collège. Je me souviens de cette forte impression d'autant qu'on ne nous avait rien dit du film et que pendant longtemps j'ai eu du mal à comprendre.
Maintenant en effet, je me rends compte ce que ce type de faux documentaire réalisé pour la BBC possède de charge émotionnante, de puissance. Filmé de manière ultra réaliste, à la manière d'un reportage, on est immergé d'entrée dans l'action avec une caméra embarquée à l'épaule sur la moto d'un soldat. Cette première scène annonce bien l'état d'urgence dans lequel le film baigne ensuite. La caméra vacille, suit les visages terrifiés ou défaits par les conséquences de la guerre nucléaire.
Quelques années à peine après la crise de Cuba, le monde réalise les implications catastrophiques de la nucléarisation militaire mondiale. Peter Watkins interroge la population lambda anglaise plutôt ignorante et révèle à celle-ci tous les éléments effrayants à prendre en compte, notamment les différents effets, minute par minute, de l'explosion de centaines de missiles ainsi que les conséquences sur plus longs termes.
Sans rien omettre, sans rien cacher, le cinéaste assène un méchant coup à l'estomac du public. Les images sont dures, sans concession. Les effets de mise en scène, les effets spéciaux, les maquillages et le jeu des comédiens jusqu'aux figurants sont terriblement efficaces. Encore aujourd'hui, malgré la relative quiétude dans laquelle la menace militaire nucléaire nous abandonne, le spectacle est saisissant.
On ne perd rien de cette menace. On comprend bien mieux la trouille monstre qui a saisi l'humanité de cette époque. Concernant Peter Watkins, son audace, tant sur le plan technique que narratif, reste épatante.
Un film toujours aussi fort.