Il a manqué à ce film un je-ne-sais-quoi, une étincelle pour véritablement embarquer le spectateur que j'en fus. Très, peut-être trop centré sur Sofia, une bourgeoise oisive qui vit dans la facilité que lui a procurée son mariage avec Fernando, un fils à papa qui a hérité de la fortune résultant du travail de son père. Gros plans sur Sofia, sur son visage, sur sa peau, sur ses toilettes. Scènes multiples la montrant en cours de shopping, essayant des toilettes et des crèmes. Et régnant, en arbitre des élégances, sur une petite communauté de copines, dans la même situation qu'elle-même, à savoir femme au foyer mariée à un homme fortuné. L'actrice (Ilse Salas), il est vrai, est très belle et évidemment très élégante. Mais le film reste très intimiste et ne parvient jamais à prendre une dimension de critique sociale. Et je ne parle même pas de satire sociale.
Pourtant, voilà que le président du Mexique, Lopez Portillo, corrompu comme il se doit pour un président (mexicain, quoique...) est contraint de dévaluer le peso, ce qui va entrainer la chute de l'empire financier de Fernando, qui n'a pas vu le coup et n'est pas suffisamment approvisionné en dollars US. On va ainsi assister à sa chute et bien entendu il va entrainer Sofia dans son sillage. Chute toute relative d'ailleurs, qui se caractérisera essentiellement par la perte de son statut de reine de la petite bande du club de tennis. Car, dans ce monde là, on a généralement le bon carnet d'adresse et on parvient toujours à rebondir, du moins s'agissant de préserver ce qui est vital. Mais bon, Sofia sera tout de même humiliée par ceux qu'elle considère à n'en pas douter comme des parvenus.
Et il y a quelques bonnes idées dans cette seconde partie, comme par exemple celle de monter une scène par fragments (la fête d'anniversaire de leurs sales gosses) désynchronisés, afin d'illustrer la confusion de Sofia. Et puis, sans doute aussi, cette exposition par petites touches progressives du vernis qui craque et des conventions que l'on oublie sous la pression des événements. Cela demeure néanmoins insuffisant à conférer à ce film une véritable intensité dramatique. Il reste une étude de caractère un peu terne, centrée sur un personnage au demeurant profondément détestable, du moins à mes yeux.
S'il fallait une marque supplémentaire de ma difficulté à entrer dans le film, en voici une : je n'ai réalisé qu'à la toute fin que l'intrigue se déroulait non pas à notre époque, mais il y a une quarantaine d'années. Cela du fait d'un plan montrant un téléviseur. Il y a peut-être néanmoins un dessein du réalisateur dans cette forme d'intemporalité. Car l'histoire qu'il nous conte pourrait être parfaitement contemporaine. Mais après avoir vérifié que Lopez Portillo avait bien sévi à la fin des années 70, je me suis avisé - bon sang, mais c'est bien sûr - que décors et accessoires n'auraient pas déparé dans un épisode de Dallas ou de Dynastie.
Et j'aurai tout de même appris, au cours de cette séance, que Julio Iglesias (l'idéal masculin de Sofia) avait repris (en espagnol) le "J'ai oublié de vivre" de notre Johnny national. Allez, musique :
https://www.youtube.com/watch?v=RXto4t_IuG8&list=RDRXto4t_IuG8&start_radio=1&t=0