La petite fille et le loup.
Premier film de Lucile Hadzihalilovic, c'est en fait un court-métrage sur une fille obligée de vivre chez sa tante, et dont le mari va être attiré alors qu'elle n'a qu'une dizaine d'années. A noter que la mère de la jeune fille est à l’hôpital à la suite d'une tentative de suicide, ce qui ne sera pas sans rapport durant le film.
La réalisatrice est la compagne de Gaspar Noé ; ce dernier a assuré la lumière du film. On ne peut donc pas nier une certaine influence de Noé dans ce film, où à l'époque seul Carne avait été diffusé.
D'une certaine façon, je dirais que La bouche... est le pendant féminin de Carne, certes moins violent, mais aux images parfois aussi troublantes, car flirtant avec la pédophilie. D'ailleurs, la petite fille peut être vue comme un symbole de pureté avec ses longs cheveux blonds et son visage adorable et Jean-Pierre peut être perçu comme un ogre avide de la dévorer.
Pour un moyen-métrage, dont on devine un budget riquiqui, la technique est assez étonnante, avec une utilisation du Scope qui a tout le temps l'air d'enfermer les personnages dans ce minuscule HLM. Quant aux trois acteurs, ils sont tous excellents, car ils ont des rôles très difficiles à jouer, surtout la jeune Sandra Sammartino (11 ans à l'époque), présente tout le temps, et qui est courageuse face aux choses difficiles qu'on lui a demandé.
Maintenant, je disais plus haut que je vois ce film comme un pendant féminin de Carne, et c'est un peu le souci, car la réalisatrice n'a sans doute pas échappé à l'influence artistique de Gaspar Noé qui se fait sans doute un peu trop sentir, jusqu'à utiliser également des têtes de chapitre en cours de route.
Il est intéressant de voir qu'un tel film, de par sa nature objectivement effrayante, ne serait plus produit. Saluons sa nature d'objet rescapé et que, même si il n'est pas parfait, montre un talent en éclosion, qui ne s'est que trop rarement démontré depuis (un seul film réalisé après La bouche...).