Après Romuald Boulanger et Dany Boon, c'est aujourd'hui Judd Apatow qui attaque de front le confinement. Inspiré par les soucis de tournage de Jurassic World : Dominion (Le Monde d'Après en V.F), le pape du rire made in U.S.A pitche l'idée d'une production chaotique en pleine pandémie à Netflix, qui allonge la monnaie sans avoir lu une ligne de script. Et pour cause, il n'y en a pas. De la fausse bonne idée par excellence, Apatow en tire une vraie mauvaise surprise pour l'année 2022. Et son pire film à ce jour.
Additionnez franchise nanardesque, plongez-y un casting d'interprètes tous plus allumés les uns que les autres, passez la mixture au protocole sanitaire strict et regardez ce qui se passe. Pour opportuniste qu'il soit, le concept annonçait une suite spirituelle à l'hallucinant Tonnerre sous les Tropiques réalisé par Ben Stiller. Sauf que pour cela, il fallait au moins un embryon d'intrigue. Ce qui était bien la dernière chose qui intéressait Apatow manifestement. Nul doute sur le fait que le film s'est tourné à l'impro tant les sketches s'empilent sans aucune forme de cohérence d'ensemble. Rien ne s'accorde : gags scato, chorégraphies TikTok, filtres face-swap, guest-stars lunaires, distribution en plein suicide collectif (Pedro Pascal, au hasard),... La Bulle n'a pas commencé depuis 45 minutes qu'on veut déjà que ça cesse. C'est oublié que le scénariste/réalisateur aime faire durer.
Des angles d'attaques, il y en des tas : l'usine Hollywood, les divas, les stars qui tapinent sur les réseaux sociaux, se repoudrent le nez H24 ou vendent leur dogme. Judd Apatow n'en fait juste rien, transformant les 2 heures en embarras de tous les instants. Car il faut noter qu'en plus de son absence de rythme et de sa lourdeur continue, il faut en plus se coltiner une mise en scène abominable. The Bubble peut se moquer des productions carburant aux grosses ficelles et aux fonds verts, il est fait du même bois pourri avec ses scènes pas drôles étirées de manière tortionnaire et sa pléthore d'incrustations d'une laideur insoutenable. Et là, je ne parle pas du faux-film Cliff Beasts 6 mais bien de celles "hors-plateaux". Ôtez David Duchovny et Keegan-Michael Key, qui parviennent de temps à autre à arracher un sourire, tenir jusqu'au générique final tient de l'épreuve olympique. À se demander si tout cet étalage n'était pas un prétexte pour se faire payer des vacances à l'œil.
Netflix aime jeter l'argent par les fenêtres ? Coup de bol, Judd Apatow était en dessous. Quoiqu'il en soit, ça fait très cher payé pour un histoire torchée en quatrième vitesse, 2-3 blagues réussies (le câlin sur le doubleur) sur la centaine de loupées. On va mettre ça sur le compte de la crise Covid, qui a dû momentanément altérer le talent du metteur en scène. La Bulle a pour seul mérite de plonger son spectateur dans un désarroi total, puisqu'il brouille la frontière entre navet intégral et mauvais nanar. En somme, La Bulle s'impose comme l'illustration parfaite du supplice de Tantale appliqué au cinéma.