Nous sommes en 2015 et je n’aime toujours pas le cinéma d’horreur, bonsoir.
Pour être franc, je ne me serais jamais penché sur ce film si quelques amis ne me l’avaient pas conseillé, tant son résumé ressemble affreusement à celui de n’importe quelle daube caricaturale sans intérêt. Mais finalement, on n’en est pas tout à fait à ce point-là. En fait j’ai du mal à comprendre de quelle manière il faut voir ce film… La critique qui suit risque donc d’être assez maladroite, mais je considère que le film l’est aussi.


On dit souvent (et à raison, en général) que les 10 premières minutes (parfois même les 5 premières) d’un film sont capitales, que ce sont celles qui vont donner le ton et définir si le spectateur va accrocher ou pas à ce qu’il va regarder. Premier problème ici, j’ai mis pas mal de temps avant de voir dans ce film un réel (bien que léger) intérêt. Parce qu’avec une présentation comme celle-là, on a franchement l’impression d’avoir affaire à une énorme blague (et une blague pas drôle, en plus). Mais dans cette première partie qui ressemble à première vue à celle de n’importe quel mauvais film d’horreur vient se glisser une bonne idée, même si elle tarde un peu à revenir sur le tapis pour qu’on y adhère immédiatement: celle de la télé-réalité. On nous apprend donc que les imbéciles heureux qui partent en vacances sur ce qui semble être le lieu de tournage d’Evil Dead sont filmés et manipulés. Mais à peine a-t-on le temps d’être agréablement intrigué par cette trouvaille qu’on est à nouveau plongé dans un raz-de-marée de clichés insupportables. Retour sur notre bande d’amis caricaturaux au possible et sur une mise en scène des plus banales.



  • C’est fait exprès.


Tiens t’es là toi ?



  • Toujours.


D’accord. Et donc, tu disais ?



  • Je disais que les personnages et la mise en scène clichés, c’est fait exprès.


Ah, c’est donc ça… Et alors ?



  • Et alors quoi ?


Et alors, en quoi ça rend le film meilleur ?



  • Bah les personnages et ce qui leur arrive, ça ressemble à n’importe quel autre film d’horreur un peu pourri, mais du coup on se retrouve dans la même situation que les mecs qui les observent, c’est ce côté méta qui donne son intérêt au film.


Y’a quand même une différence entre les mecs qui observent et qui parient et nous, c’est qu’eux se demandent ce qui va arriver, alors que nous on le sait. Comme ça ressemble à n’importe quel film d’horreur, les personnages sont pas attachants et meurent dans l’ordre classique bien défini et on se fait chier parce qu’on n’est jamais surpris.



  • Tu.


De ?



  • TU te fais chier parce que T’ES jamais surpris.


Oui, pardon. Bon, mettons. Mais en revanche pour la mise en scène, je trouve aucune excuse valable. C’est filmé de façon aussi vide que partout. Y’a pas de bonnes idées à noter, et on a droit aux défauts habituels du genre comme les dialogues les plus insipides possibles ou l’image beaucoup trop sombre pour être lisible, et on a droit à un bon lot de jump scares (le degré zéro en terme d’horreur, et summum de l’insupportable au cinéma) pendant tout le long du film. Alors oui, je sais bien (ou du moins j’imagine bien) que c’est volontaire, mais je ne comprends pas l’intérêt et je ne vois pas en quoi ça peut être un point positif, c’est quand même lassant. Et malheureusement on passe plus de temps à suivre l’histoire des connards dans la cabane que celle des mecs qui organisent le truc. La majeure partie du film n’a pas grand chose de plus qu’un film d’horreur banal.


Et il y a un truc, qui concerne directement les personnages cette fois, qui me paraît au mieux bancal, au pire hypocrite: c’est le fait qu’on essaie de justifier le fait que les personnages, dans leur comportement et leurs décisions, soient des pures caricatures en disant que les organisateurs balancent des substances ou je sais plus quoi dans l’air pour altérer leur comportement… Je refuse catégoriquement de croire à ça une seule seconde.



  • Tiens donc… Et pourquoi ça ?


Parce qu’on a vu à quoi ressemblaient les personnages avant que leur escapade ne commence. Dès le début du film, on nous les présente comme le groupe le plus stéréotypé possible, celui qu’on a déjà vu partout et on s’attend déjà à ce qu’ils soient aussi cons qu’ils vont l’être. Il y avait donc deux solutions: soit nous présenter les personnages comme des gens « normaux » (je déteste ce mot, mais tant pis) et les « transformer » ensuite en stéréotypes, auquel cas la justification susmentionnée aurait peut-être pu être un peu plus utile, soit ne rien justifier du tout. Je suis d’accord, ça aurait été tout aussi décevant, mais ça aurait eu le mérite d’être un peu plus honnête.



  • Tu te rends compte que tu passes complètement à côté de l’idée du film depuis le début ?


C’est les mecs qui ont fait le film qui sont passés à côté de leur idée. Et pourtant elle me plaisait bien l’idée de la télé-réalité au départ, mais j’ai l’impression qu’elle est jamais suffisamment développée et, encore une fois, je ne vois pas en quoi UNE SEULE bonne idée est suffisante pour justifier tous les clichés auxquels on a droit. Je sens bien que le film part d’une bonne intention et qu’il a envie de tenter des trucs, mais ça va jamais assez loin. C’est ni assez incohérent ou mal branlé pour être un nanar, ni assez exagéré et drôle pour être une parodie. Même si…



  • Même si… ?


Même si, ok, y’a quelques trucs marrants.



  • Mais je t’ai dit, c’est fait exprès !


Ah mais je sais bien, c’est pas un reproche pour une fois. Je veux bien reconnaître qu’il y a deux ou trois moments, comme le coup du « Il faut qu’on se sépare » par exemple, qui m’ont fait sourire. Mais c’est tellement anecdotique sur la durée totale du film que pendant à peu près une heure, j’ai eu énormément de mal à définir s’il fallait le prendre au premier ou au second degré… On aurait pu avoir une bonne comédie horrifique bien noire, mais on dirait que le film hésite sur la direction à prendre pendant trop longtemps avant de se lâcher. Il faut attendre la dernière demi-heure pour voir le foutoir total que constitue le festival de références qui, lui, est assez efficace. Mais là pour le coup on est plus dans la comédie horrifique que dans le film d’horreur pur, et je pige pas trop pourquoi on a pas eu droit à ça plus tôt. Et d’ailleurs heureusement que le film finit par réellement péter un câble, parce que sans ça, avec le coup des anciens dieux, de la fin du monde et tout le bordel, on aurait vraiment eu l’impression d’être dans un nanar.



  • De toute façon t’as jamais rien compris au cinéma d’horreur…


… Non…



  • … Quoi non ?


Non, t’as raison. J’ai jamais rien compris au cinéma d’horreur.

Tartinovski

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