Après avoir revu "les choristes" de Barratier, hier, voici le retour à l'original "la cage aux rossignols".
Attention Risque Spoilage : cet avis va tenter de comparer les deux films. Ce faisant, il est probable que soient dévoilées des parts significatives de chacun des deux films …
D'abord, il faut dire que le film de Barratier est vraiment un remake dans le sens où les dialogues du film de 2004 reprennent, souvent, mot pour mot, les dialogues du film de Dreville.
Ainsi, l'histoire est tout aussi belle même si elle comporte le même lot d'invraisemblances et de démagogie à savoir la transformation miraculeuse des enfants du pensionnat (qui ressemble à une "bonne vieille" maison de correction) en parfaits choristes. On n'y reviendra pas sinon pour dire que le film de Dreville, un peu plus réaliste, marque une progressivité et des défaillances plus marquées des enfants.
Le film de Dreville porte le poids de son époque ; il est tourné en 1944 pendant l'Occupation et certains personnages (Mondain, Peppino) que s'autorise Barratier n'existent pas chez Dreville ; cela donne un caractère beaucoup plus soft au film de Dreville, du coup, peut-être moins réaliste.
Le destin du personnage principal est sensiblement différent dans chaque film et n'est pas sans conséquence sur la signification profonde du film : déjà, dès le départ, les personnages se ressemblent mais les caractères sont différents. L'un est un auteur qui n'arrive pas à faire publier le récit de son expérience de pion au pensionnat à une période de dèche mais dispose de quelques petites complicités qui le feront quand même arriver au succès ; tout se terminera en beauté par un mariage en grande pompe, comme il se doit, avec un probable avenir radieux … L'autre, est un prof de musique au chômage qui prend une place de pion par défaut dans le pensionnat. Au fond sa seule vraie réussite dans la vie sera cette chorale. Ensuite, il retombera dans sa condition de petit prof modeste et finira sa vie de la même façon. Le soliste vedette de sa chorale, lui, aura été initié (mis à l'étrier) par le pion de sorte qu'il pourra aller plus loin et réaliser une grande carrière dans la musique puisque le film nous le montre, 5O ans plus tard, comme un chef d'orchestre réputé à New York. Le flash-back du film "les choristes" est alors un retour sur ce pion que le chef d'orchestre a complètement oublié. Il prend alors la mesure de ce qu'il lui doit.
Les jeux des deux acteurs, Noël Noël et Jugnot sont assez voisins avec le premier plus gai et optimiste que le second plus réservé et modeste. La scène où le pion se fait virer est assez significative de la différence des caractères puisque Jugnot n'a pas le dernier mot tandis que Noël Noël rive son clou au dirlo.
On peut regretter que la qualité de la bande-son du DVD du film de Dreville soit aussi mauvaise car ce sont les réputés "petits chanteurs à la croix de bois" qui y chantent. Qu'attend donc Gaumont pour faire une remastérisation du film ? C'est un petit avantage de la version Barratier dont la bande son est (évidemment) impeccable.
Au final, je me refuse à départager les deux films en leur attribuant la même note soit 6…