Avec son budget estimé à 782.000$ de l’époque, La Caravane vers l’Ouest est certainement l’une des plus grosses productions de son temps. Pourtant cette épopée est à la hauteur de son coût, les séquences virtuoses s’enchaînent : traversée d’une immense rivière, chasse au bison, attaque des indiens. Le niveau d’exigence dans la plausibilité historique et dans les détails est placé très haut, dans un souci de relever la réputation du western, à l’époque considéré comme un sous genre populaire.
Cette fresque épique retrace l’histoire d’une caravane de pionniers décidés à rejoindre l’Oregon, depuis Kansas City. Ce convoi de plusieurs centaines de wagons, le plus long de tous, devra surmonter de nombreux obstacles : rivières infranchissables, attaques d’indiens, famines, en plus des querelles internes. James Cruze utilise pleinement son important budget pour transformer un scénario brillant même si assez classique aujourd’hui, en un film excitant. Pas à pas, articulé autour d’une histoire d’amour entre le leader d’une des caravanes et la fille du meneur de l’autre, et de la jalousie de son fiancé, on suit la vie quotidienne de ces milliers de pionniers : mariages et ruptures, naissances et décès, amour et haine, peur et courage ; tous les ingrédients y sont.
On regrettera le peu de crédibilité de la fin, si ‘’happy end forcée’’, bien que ce soit commun à l’époque, et l’apparente ridiculisation du personnage alcoolique de Jim Bridger qui fut la cause d’un procès de la production par ses descendants. En outre, les acteurs sur-jouent beaucoup, et sont sur-maquillés, mais on excusera tout ceci au profit des atouts du scénario et de la mise en scène, ainsi que de la brillante reconstitution de la conquête de l’Ouest et de la ruée vers l’or.
Car cette fresque est avant tout une ode aux rêves et à ceux qui les accomplissent jusqu’au bout, un peu comme dans Le cheval de fer de John Ford. Film très patriotique, en effet, qui rend hommage aux idées américaines et au self-made man et parsemée de chansons traditionnelles (j'avais dans la tête les paroles de Oh Susannah ! pendant plusieurs jours !). La Paramount d’ailleurs présenta ce film accompagné de différentes musiques patriotiques.
Fait intéressant : les indiens sont moins montrés comme des sauvages que comme des victimes de la soif de terres des pionniers (n’exagérons rien, ils ne sont pas non plus pris en pitié).