Je ne connais pas le roman éponyme de Georges Simenon, mais le film réalisé par Mathieu Amalric est une très bonne surprise, malgré qu'on y sent des moyens modestes (peu d'acteurs, de décors, format carré de l'image...).
Cela commence par une scène d'amour entre ce que qu'on imagine être deux amants qui se sont donnés rendez-vous dans un hôtel, La chambre bleue. Ensuite, la femme va lui demander si il est prêt à être libre pour vivre avec elle, laissant de côté sa femme et sa fille, ce qu'il va accepter un peu trop vite.
A partir de là va se construire un véritable suspens, dont l'originalité est que le point de départ nous est donné seulement à une heure de film ... alors qu'il dure 72 minutes ! Je ne sais pas si le roman a été respecté, mais je me doute bien que Amalric a modernisé le propos (avec une scène de sexe assez explicite), et qui, comme un Chabrol, se fiche au fond de l'intrigue pour créer un climat de malaise. Autour de lui, de cette femme adultère, et de sa femme légitime.
Le film est organisé comme un flashback, avec pour cœur l'interrogatoire des policiers, puis d'un psychiatre, autour du pauvre Amalric, hébété comme nous par cette histoire ubuesque.
Les acteurs y sont très bons ; on sent que Amalric a embauché les copains, Serge Bozon, Blutch, Léa Drucker, Laurent Poitrenaux (excellent en juge), mais n'en a pas moins soigné son film en dépit des moyens, comme le cadre, la lumière, qui nous emmène progressivement jusqu'à la noirceur, et la sentence implacable de la conclusion.
Le film est est une excellente surprise, dont je n'aurais pas parié un centime avant de le voir, mais il n'empêche que Mathieu Amalric a un vrai talent pour choper le climat, et transposer à notre époque une histoire des années 1960.