La Chambre bleue par Milady
Avec "La chambre bleue", Mathieu Amalric adapte le roman éponyme de Georges Simenon (1964) qui fut déjà maintes fois porté à l'écran. Ce projet a été proposé à Amalric alors qu'il projetait de réaliser une adaptation du "Rouge et le noir" de Stendhal. "La chambre bleue" a été tournée en peu de temps et avec peu d'argent. Amalric est sur tous les fronts, réalisateur, co-scénariste et acteur avec sa compagne Stéphanie Cléau, qui signe là son premier rôle au cinéma. À noter dans ce casting de choix la présence également de Léa Drucker, Laurent Poitrenaux (trop rare sur les écrans) et Serge Bozon.
L'histoire du roman est ici transposée au 21ème siècle, dans un film aussi froid que la couleur bleue. Dès les premiers plans et les premières notes de musique on sent que l'on va assister à quelque chose d'assez pesant. Ce sentiment est accentué par les très nombreux plans fixes et le cadrage resserré en 1:33.
Au court du film on tente de reconstruire l'histoire, de cet homme, de ce couple adultère (Esther Despierre et Julien Gahyde) et des crimes qui en découlent probablement. Le doute s'installe et on veut savoir. Oui, on veut savoir ce qui a amené Julien à être incarcéré. Les réponses nous sont apportées au compte-goutte.
Le film commence par nous parler de passion, de corps nus, enlacés sur des draps blancs, à la lueur des volets entrouverts d'une chambre d'hôtel. Puis on glisse lentement vers le côté sombre de cette relation interdite, vers le crime. Un homme meurt, est-ce le seul ? Qui l'a tué ? Pourquoi ? Pour qui ? Julien Gahyde interprété par Mathieu Amalric est en position d'accusé. Durant les nombreuses scènes d'interrogatoires il ne parvient pas à "s'extirper" de cette situation, à trouver les réponses aux interrogations du juge. Il a beau fouiller dans ses souvenirs, nous offrants au passage un récit morcelé de flashback, tout semble confus. "Désentravez-le" résonne à nos oreilles et aux siennes à plusieurs reprises.
"La chambre bleue" lie drame passionnel et polar, épuré et froid. L'accent est mis sur la manière de raconter cette histoire plus que sur l'histoire elle-même. Une certaine violence mutique envahie l'ensemble, jusqu'au couperet final de la sentence.