Le cinéma d'Almodovar sent la naphtaline. Des gens riches, des maisons Barbie, des scénarios mollassons, beaucoup trop écrits, des actrices trop dirigées, souvent grimaçantes. Du Nous Deux sur grand écran, avec le roman photo à l'intérieur.
La Chambre d'à côté ne fait pas exception à la règle. Discours sur la mort hyper appuyé louchant sur Phèdre. Dialogues frisant le ridicule. Personnages mal choisis, une écrivaine et une reporter de guerre, pour véhiculer un message crédible, Almodovar est tellement adulé qu’il a oublié les gens d’en bas, l’aide à mourir est un sujet qui concerne tout le monde et pas seulement les bourgeois friqués. Volonté d’étirer un film sur deux heures avec un sujet de téléfilm de cinquante minutes. Le seul homme du casting, avatar d’Almodovar, qui assène un ridicule monologue politique sur les ravages du néo libéralisme style « A quoi bon parler de la mort quand le monde est foutu et va à sa perte ». Le truc facile, un brin de gauchisme, une goutte d’écologie et un soupçon de nihilisme, ça ne mange pas de pain et ça réjouit les adorateurs du Maître.
Almodovar est en roue libre et ses laudateurs crient au chef d’œuvre. Comme d'habitude. Aucune objectivité. S'il tournait La Maison de Toutou ou La Porteuse de pain ce serait le même concert de compliments. Il était le provocateur, celui qui mettait les pieds dans le plat d’un cinéma ibérique à peine réveillé de l’anesthésie franquiste. Aujourd’hui, à 75 ans, il est nostalgique, il nous assène des sermons lourds comme un cheval mort, ses plans sentent le vieux cinoche de Papa. Bien sûr il a tourné Talons aiguilles et Tout sur ma mère mais c’était dans le millénaire précédent, ses castings d’alors étaient excitants, ils ne sentaient pas l’Actor’s Studio à plein nez et ses scénarios défrisaient le bourgeois.
Personnellement le film ne m'a pas ému une seule seconde, un comble quand le sujet est l’agonie d’une malade. Almodovar a un viatique cinématographique qui est indéniable, mais ses grandes heures sont loin derrière lui. La réputation et la filmographie ne font pas tout, il suffit de visionner ce film pour s'en convaincre.