Les combats de 1914 sont à peine commencés que le lieutenant Adrien se trouve défiguré par un obus. Durant toute la guerre, l'univers d'Adrien sera la chambre des officiers d'un hôpital militaire. Son visage ravagé, cause de souffrances physiques autant que psychologiques, est au centre du drame.
François Dupeyron exprime l'horreur et la cruauté de la guerre à travers ses "gueules cassées". On voudrait s'émouvoir d'un sujet si douloureux et sincère, mais les partis-pris de la mise en scène sont tels qu'on est vite rebuté. La quasi unité de lieu, la lenteur du récit et la morbidité, au moins au début du film, caractérisent ce drame intimiste dont le maniérisme et la gravité affectés ne portent aucune intensité dramatique. Il n'y a pas précisément d'intrigue, le film relatant simplement, essentiellement, la progression, l'amélioration des capacités du lieutenant aux côtés d'autres gueules cassées dont l'angoisse est devenue de s'exposer au regard des autres. Les arguments sont justes tout en relevant de l'évidence.
Dans ce contexte dramatique et stylisé, les personnages semblent figés dans un dolorisme convenu, à l'image de la gentille et fade infirmière jouée par Sabine Azéma.