Il paraît que les enfants ne mentent pas. L'adage "la vérité sort de la bouche des enfants" a dû être énoncé par un enfant pour faire croire à un bobard qu'il venait de monter.
Ce film dénonce les procès d'intention dès qu'il s'agit d'avoir attenté aux jeunes têtes blondes de nos villages, au nom de leur protection. Le manque de professionnalisme de la directrice du jardin d'enfant et du "professionnel" qui vient interroger la fillette en orientant ses réponses en sont témoins. Ne vous méprenez pas, je ne suis pas pour qu'on rejette les affirmations des enfants en bloc quand il s'agit de suspicion de pédophilie, loin s'en faut. Mais la présomption d'innocence reste une valeur qui m'est chère. Quoi qu'il en soit, le film m'a laissé une impression dérangeante, parce qu'on se met à la place des parents, et qu'on se dit - mal à l'aise - qu'on préférerait aussi sans doute que toute précaution soit prise pour éviter le moindre mal à nos enfants.
Le réalisateur n'oublie pas de traiter les répercussions sur les proches de la personne soupçonnée et comment chacun y réagit : la faiblesse de la petite amie, le courage du fils qui érige son père en héros et affronte la ville du haut de ses quinze ans, son parrain qui soutient bon gré mal gré la cellule familiale...
Il nous dresse là un portait d'une société danoise rurale, où l'homme occupe la place centrale et ne devient tel qu'en recevant son permis de chasse à l'adolescence.

Le film prend aux tripes, et fait rager de frustration de voir la situation de Lucas empirer chaque fois un peu plus, jusqu'à un final incroyablement triste mais ayant le mérite d'éviter le happy-end téléphoné.

Le grand point fort de Jagten est la prestation des acteurs, surtout de Mads Mikkelsen, incroyable, touchant, à fleur de peau. La gamine Klara (jouée par la petite Annika Wedderkopp) m'a aussi laissé admiratif (et pourtant, vu ce que je pense des acteurs enfants, c'était loin d'être gagné) ; son rôle qui me semble à moi très complexe est amené avec un naturel déconcertant, criant de vérité.

Techniquement c'est superbe, les lumières sont bien gérées, la photographie est belle, les décors élégants (sisi, même le supermarché où Lucas prend un trempe).
Syryatsu

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