Avec un sujet aussi épineux que celui de LA CHASSE, Thomas Vinterberg démontre un savoir-faire inouï quant à la question du point de vue et l'étude d'un phénomène social.
Vinterberg, avec son co-scénariste Tobias Lindholm, ne laissera aucune place à l'ambiguïté concernant l'accusation dont Lucas fait l'objet. De cette manière, une profonde empathie naît pour l'accusé et, au moyen d'une écriture subtile, on s'identifie rapidement à cette personne lambda. Ses réactions sont parfois étonnamment en retrait mais celles-ci montrent un homme cherchant à surmonter la justice populaire avec courage. Il en fera les frais dans des scènes ultraviolentes psychologiquement et physiquement. La réalisation impressionnante de Vinterberg regarde droit dans les yeux l'enfer d'un homme dont on cherche à détruire l'honneur et la dignité. Pour cette raison, on ressent une tension quasi-permanente au point que l'on en ressort abasourdit. Cet homme, Lucas, est incarné par un Mads Mikkelsen dont le jeu n'a jamais été aussi puissant dans son minimalisme. Tout son talent explose dans une poignée de scènes bouleversantes où les regards sont sans équivoque. Vraiment, LA CHASSE rappel la part obscure d'un monde où l'homme est son propre ennemi. Malgré sa narration classique, ce film n'est pas agréable de par sa dureté et son ambiance étouffante mais il est à coup sûr redoutable dans son étude de cas.
Terrible, LA CHASSE nous confronte au plus sombre de l'humanité. On subit l'ostracisme et l'affliction d'un homme face à un groupe le pensant mauvais. Le long-métrage du danois, avec ses couleurs chatoyantes et quelques moments vraiment beaux, reste avant tout un film pessimiste mais néanmoins important.