La « Chevauchée du Retour » fait partie de ces petits westerns probablement classé B où le scénario repose sur une idée simple, ici le retour d’un homme accusé d’un crime de son refuge au Mexique vers les US pour y être jugé (et probablement condamné à la pendaison).
Là où le scénario se distingue du western traditionnel, c’est que le shérif (William Conrad) est un loser qui n’a jamais réussi dans sa vie professionnelle comme privée et qui veut profiter de cette mission pour se racheter, au moins à ses yeux. Personne ne l’aime ni ne l’attend. Il en a tellement conscience que cela le mine.
Quant au justiciable, c’est Anthony Quinn qui est très certainement de la catégorie des gangsters. Il n’a pas bon caractère et probablement pas beaucoup plus de scrupules.
Mais en partant avec le shérif pour retourner aux US, il laisse au Mexique une femme qui l’aime et des amis prêts à en découdre pour lui. Le film sera donc la cohabitation des deux hommes qui auront à affronter divers dangers dont en particulier une bande d’indiens hostiles et diverses situations où ils recueillent une petite fille rescapée d’un massacre. Dans ces deux situations, Anthony Quinn montre à la fois un esprit de décision et une profonde humanité que n’a pas le shérif.
Au-delà du scénario, il y a l’image qui est très belle. Il y a un effort pour mettre en valeur les situations et les acteurs. On notera que le producteur est William Conrad, l’acteur jouant le rôle du shérif. On peut ainsi dire que le film repose certainement sur l’idée du producteur dans la mesure où il n’en a pas profité pour se gâter au niveau du personnage qu’il joue et tirer la couverture à lui… Et ceci est bien au crédit du film.
Il y a aussi la chanson dans lequel baigne le film, entêtante avec le refrain « the ride back » à la façon d’une complainte, chantée avec une belle voix grave et qui reprend en filigrane l’histoire.
Pour le fun, je signale volontiers le petit moment comique (ou ironique) du générique du film où deux petits gosses jouent aux cow-boys avec un revolver en bois. Au moment-même où le gamin va « tirer », éclate une fusillade non loin de là laissant les gamins médusés. Le jeu devient réalité et le film peut démarrer.
On voit très bien que le film est à petit budget (les décors, le nombre de personnages, N&B) mais le budget aussi faible soit-il a été particulièrement et judicieusement bien utilisé car le film est remarquable par son ton juste ; on se laisse facilement à rêver à ce qui peut bien arriver par la suite, ce qui, pour moi, est une des marques caractérisant les films comme "intéressant".
L'excellent rapport qualité-prix, si je peux me permettre cette analogie, fait que je mets 9 sans hésiter.