N’ayant pu convaincre David O’Selznik qui ne croyait plus au western (qui était devenu une production de masse avec des budgets de série B), ni en Joihn Wayne, John Ford se tourna vers Walter Wanger qui accepta pour la United Artits Et le “coach” va révolutionner le western à partir d’une histoire comme il les aimait, adaptée par Dudley Nichols et Ben Hecht. Le comité de vieille pucelle accompagne à la diligence Dallas (Claire Trevor sublime), une fille aux moeurs légères, et l’alcoolique Dr Boone qui a pris sa défense. Ils voyageront en compagnie d’Hatfield (John Carradine) un joueur professionnel qui va tenter sa chance ailleurs, de M. Peacock qui vend son whisky de saloon en saloon, de Mrs Mallory femme et fille d’officiers qui voudrait rejoindre son mari avant d’accoucher, du Sheriff qui veut arrêter Ringo Kid, et d’un banquier véreux puisqu’il part avec la caisse. Ringo Kid dont le cheval est blessé se fait rejoindre et continuera dans la diligence comme prisonnier sur parole. Mais il faut traverser le Nouveau-Mexique où Geronimo et les Apaches sont sur le sentier de la guerre et l’escouade qui les accompagne s’arrête à la frontière. Dallas et Ringo, les deux marginaux, vont rapidement se rapprocher l’un de l’autre. Au fur et à mesure que le danger se précise, les évènements vont souder le groupe autour d’eux, à l’exception du banquier. Enfin, lorsqu’ils ne sont plus qu’à vingt miles de leur destination et qu’ils se croient sauvés, les Apaches attaquent… Ce qui est le plus frappant lors de la vision de Stagecoach c’est le rythme du film. En fait il s’agit plutôt de deux rythmes développés en parallèles et qui se complètent. Celui du rapprochement du groupe, de la découverte des individus qui le compose et de leur analyse est constant et densifié par sa lenteur (la scène où Kid offre de l’eau et celle ou Boone offre de l’alcool aux passagers mais refusera de trinquer avec le banquieren est une parfaite illustration, chacun acceptera et boira selon son caractère). Celui de l’action va crescendo, augmentant l’angoisse, si bien que la fameuse chevauchée est à la fois une fusion puisque le verbe devra se prouver dans l’action (le premier rythme est donc absorbé par le second), et surtout une libération (maintenant il faut jouer le match). Après la scène admirable du gunfight, la fin plus ambiguë est bien dans la retenue propre à John Ford. Le casting exceptionnel est soutenu par une mise en image d’une virtuosité inégalée à l’époque. Mais c’est une fois de plus le découpage qui laisse pantois : pas un plan de trop, tout est utile, ce qui est d’autant plus surprenant que Ford filmait très peu. Cette maestria technique lui permet, en dépeignant les personnages du huis-clos de la diligence comme un modèle réduit de la société, de régler une fois de plus quelques-uns de ses comptes favoris : la grandeur des petites gens, la médiocrité morale du banquier véreux (ça devient un pléonasme chez lui) et des puritains atrabilaires de tout sexe. Et tout cela en rendant au western ses lettres de noblesse. Peu d’oeuvre dans l’histoire du cinéma laisseront une telle empreinte sur les deux ou trois décennies qui suivront. C’est dire si ce film est incontournable, sa date de réalisation constituant toujours une surprise pour ceux qui le voient pour la première fois. Lors de la remise des Oscars 1940, la profession lui préféra (ainsi qu’au Magicien d’Oz) le très conventionnel et rasoir « Gone with the wind » (Autant en emporte le vent) et Victor Fleming. Il recevra le prestigieux Award des Neww York Film Critics.