Deuxième film parlant de Jean Renoir, La Chienne est l’une de ses plus grandes réussites, et un exemple de ce qui a été fait de mieux au début du cinéma parlant.
Michel Simon incarne le personnage de Maurice Legrand, employé timide, peintre amateur à ses heures de loisir, et malheureux en ménage. Sa femme est une personne aigrie et avare qui déteste profondément son mari. Celui-ci tombera amoureux de Lulu, une prostituée auprès de laquelle il se fera passer pour un peintre riche et célèbre. Lulu est elle-même sous la coupe de Dédé, un petit maquereau qui la pousse à avoir une relation avec Legrand. Dédé commence alors à vendre les toiles de Legrand en faisant croire qu'elles sont peintes par Lulu alias Clara Wood. Le film s’ouvre sur un spectacle de Guignol : la célèbre marionnette introduit les protagonistes en indiquant que « ce sont de pauvres hommes, comme moi, comme vous ». On peut donc comprendre d'entrée de jeu que les personnages seront les pantins d’un destin funeste.
Alors que la technique du cinéma parlant est encore balbutiante en 1931, Jean Renoir nous offre une œuvre aux ambitions techniques et esthétiques qui comprend des séquences mémorables, comme le meurtre de Lulu filmé de main de maître. Notons également que les personnages du film sont magnifiquement bien interprétés, Michel Simon y est tout simplement grandiose et les rapports humains y sont décrits avec une grande justesse. De plus, La Chienne constitue une étude sociale fascinante de la France du début des années 30. Renoir nous dépeint une société peuplée d'individus irrespectueux et parasitaires qui exploitent et détruisent la vie de leurs plus grands artistes.
Après ce film, Michel Simon s’imposa comme l’un des plus grands acteurs du cinéma français. Janie Marèse qui compose le personnage de Lulu décéda dans un accident sur la route de Saint-Tropez, quelques mois après le tournage.