Alice Rohrwacher aime les sans-grade, ceux qui vivent en marge et s'arrangent avec l'existence, sans pour autant les idéaliser. C'en est ainsi pour les pilleurs de tombes étrusques dans La Chimère, qui file le parfait amour du réalisme avec la fantasmagorie, dans un univers un peu intemporel et un récit riche en surprises et totalement imprévisible. La référence la plus marquante du film est celle de Fellini et pas seulement pour l'image d'une statue transportée dans les airs, mais sinon, il ne ressemble à rien d'autre qu'aux précédents opus de la réalisatrice italienne. Si Arthur, archéologue de son état, et doué d'un don étonnant, occupe l'écran plus que ses compagnons de "fouilles", La Chimère n'en est pas moins un long-métrage qui aime à montrer la mécanique et la dynamique de groupe, avec des personnages singuliers, plutôt joyeux et dont la morale est proportionnellement indexée aux profits possibles, dans leur activité délictueuse. Nonobstant, Rohrwacher leur voue une tendresse évidente, puisque personne n'est parfait, dans un cinéma qui parvient à la fois à sonner désuet (dans le sens nostalgique et affectueux du terme) et concerné, avec une capacité à l'émerveillement toujours renouvelée, dans la description de paysages et d'individus provinciaux, qui disent pourtant beaucoup de ce qu'est la véritable âme italienne, des Étrusques à aujourd'hui.

Cinephile-doux
7
Écrit par

Cet utilisateur l'a également ajouté à sa liste Au fil(m) de 2023

Créée

le 5 juil. 2023

Critique lue 1K fois

10 j'aime

Cinephile-doux

Écrit par

Critique lue 1K fois

10

D'autres avis sur La Chimère

La Chimère
Sergent_Pepper
7

Ruines et idéal

Qui connaît le cinéma d’Alice Rohrwacher sait qu’il renferme un univers singulier et aux frontières mouvantes. Renouant avec l’esthétique à gros grain argentique des Merveilles, la cinéaste embarque...

le 7 déc. 2023

16 j'aime

2

La Chimère
Plume231
4

La Vision des profanateurs de sépultures !

C'est ma toute première vision d'un film de la réalisatrice italienne Alice Rohrwacher. Même si sur les plans de l'histoire et des personnages, les longs-métrages sont indépendants les uns des...

le 7 déc. 2023

15 j'aime

6

La Chimère
Cinephile-doux
7

Pilleurs de passé

Alice Rohrwacher aime les sans-grade, ceux qui vivent en marge et s'arrangent avec l'existence, sans pour autant les idéaliser. C'en est ainsi pour les pilleurs de tombes étrusques dans La Chimère,...

le 5 juil. 2023

10 j'aime

Du même critique

As Bestas
Cinephile-doux
9

La Galice jusqu'à l'hallali

Et sinon, il en pense quoi, l'office de tourisme galicien de As Bestas, dont l'action se déroule dans un petit village dépeuplé où ont choisi de s'installer un couple de Français qui se sont...

le 28 mai 2022

79 j'aime

4

France
Cinephile-doux
8

Triste et célèbre

Il est quand même drôle qu'un grand nombre des spectateurs de France ne retient du film que sa satire au vitriol (hum) des journalistes télé élevés au rang de stars et des errements des chaînes...

le 25 août 2021

79 j'aime

5

The Power of the Dog
Cinephile-doux
8

Du genre masculin

Enfin un nouveau film de Jane Campion, 12 ans après Bright Star ! La puissance et la subtilité de la réalisatrice néo-zélandaise ne se sont manifestement pas affadies avec Le pouvoir du chien, un...

le 25 sept. 2021

70 j'aime

13