Alice Rohrwacher aime les sans-grade, ceux qui vivent en marge et s'arrangent avec l'existence, sans pour autant les idéaliser. C'en est ainsi pour les pilleurs de tombes étrusques dans La Chimère, qui file le parfait amour du réalisme avec la fantasmagorie, dans un univers un peu intemporel et un récit riche en surprises et totalement imprévisible. La référence la plus marquante du film est celle de Fellini et pas seulement pour l'image d'une statue transportée dans les airs, mais sinon, il ne ressemble à rien d'autre qu'aux précédents opus de la réalisatrice italienne. Si Arthur, archéologue de son état, et doué d'un don étonnant, occupe l'écran plus que ses compagnons de "fouilles", La Chimère n'en est pas moins un long-métrage qui aime à montrer la mécanique et la dynamique de groupe, avec des personnages singuliers, plutôt joyeux et dont la morale est proportionnellement indexée aux profits possibles, dans leur activité délictueuse. Nonobstant, Rohrwacher leur voue une tendresse évidente, puisque personne n'est parfait, dans un cinéma qui parvient à la fois à sonner désuet (dans le sens nostalgique et affectueux du terme) et concerné, avec une capacité à l'émerveillement toujours renouvelée, dans la description de paysages et d'individus provinciaux, qui disent pourtant beaucoup de ce qu'est la véritable âme italienne, des Étrusques à aujourd'hui.

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le 5 juil. 2023

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