C'est l'histoire d'un Empire qui porte en lui les germes de sa lente et longue agonie. Le règne de Commode (180-192) a été choisi pour illustrer cela. La période difficile dans laquelle le scénario s'ancre est propice à un drame inéluctable. Entre crises politique, militaire, économique et même sanitaire l'état de l'Empire romain est critique. Ce contexte éprouvant est le théâtre d'une lutte impliquant tous les acteurs de l'empire (militaires, sénateurs, citoyens, barbares, ennemis, etc). Dans ce films ils mettent à l'épreuve leurs sentiments (amours, amitié, haine, ...) afin de décider du destin de l'Empire, et ce, pour le meilleur comme pour le pire.
Déjà, les décors et paysages sont monumentaux (surtout le forum romain 437x251, un des plus grands décors de cinéma jamais construit en extérieur). Ils sont magnifiquement exploités par une immensité de figurant à perte de vue. L'ensemble des paysages ont été tourné dans la région de Madrid. Les intérieurs de Rome sont filmés à la Cinecitta. Je n'ai rien à redire sur les costumes. Les scènes de batailles sont aussi très impressionnantes. Je dois mentionner aussi la périlleuse course de char entre Commode et Livius (pas aussi intense que dans Ben Hur, mais tout de même marquante).
Ensuite, le casting est littéralement impérial : Sophia Loren campe Lucilia fille de l'empereur brisée entre les luttes de pouvoirs au sein de l'Empire. Stephen Boyd joue Livius, un chef des armées au cœur vaillant. Christopher Plummer ici d'une efficacité redoutable interprète Commode avec toute l'arrogance qui caractérise le personnage. James Mason en Timonides est aussi vraiment charismatique. Enfin c'est Alec Guinness qui campe Marc Aurèle, retranscrivant à merveille toute la sagesse de son personnage. Naturellement les autres comédiens sont tout aussi investis. Vous n'imaginez pas les noms d'acteurs potentiels ayant circulés pour le film avant d'être rejetés : Charlton Heston, Gina Lollobrigida, Richard Harris, Albert Finney, ...
Ce film est un péplum que je qualifierais de crépusculaire. Il ne lésine pas sur le drame. Celui-ci bénéficie d'une esthétique ambitieuse et d'une équipe très investie à sa création. Assurément un classique du péplum à découvrir.
Soit-dit en passant Ridley Scott devrait être reconnaissant à Anthony Mann car il s'est beaucoup inspiré de son film pour créer Gladiator (2000).