Adaptation du roman de Mark Bowden, Black Hawk Down : A Story Of Modern War, le film de Ridley Scott est avant tout une époustouflante plongée dans le brasier guerrier, à l'esthétisme, une fois n'est pas coutume chez l'auteur d'Alien et Blade Runner, absolument inouï.


Retraçant la mission de coopération entre la Task Force Rangers et la Delta Force US lors de la sanglante bataille de Mogadiscio, où 19 soldats américains perdirent la vie, ce film prend le risque d'engendrer les points de vue forcément unilatéraux des forces US au détriment des rebelles Somaliens. Pourtant, malgré ces prises de position et points de vue délibérément axés côté forces de frappe US, ce film ne fait nullement de propagande pro-américaine. Ce qui intéresse avant tout Ridley Scott s'est de filmer le point de vue humain dans le bourbier. De ce côté c'est totalement réussi, tellement on a l'impression de se trouver en totale immersion, les balles fusent, ça explose de tous les côtés, le danger est permanent. A noter l'extraordinaire travail sur le son qui rappelle celui de Michael Mann sur Heat lors des fusillades.


Au-delà de toutes considérations morales sur le bien fondé d'un point de vue faisant totalement fi des combattants Somaliens massacrés indifféremment, le souci de Scott repose exclusivement sur une volonté esthétique de renouveler le film de guerre. De ce côté c'est totalement réussi.
Certains lui reprochent de ne pas mettre suffisamment en avant les circonstances historiques exactes de cette bataille afin d'amener un point de vue moral à son grand jeu de massacre, probablement..., mais est-ce vraiment le but du réalisateur qui ne cesse de vouloir renouveler visuellement les genres qu'il traite. L’œuvre de Ridley Scott est avant tout un grand travail pictural qui aura alimenter l'inconscient collectif cinématographique de ces cinquante dernières années, Les Duellistes date de 1969... d'une aura rétrofuturiste d'inspiration universelle. Imaginez un film de science-fiction ne s'inspirant pas visuellement de l'univers d'Alien ou de Blade Runner...


En grand défenseur de l'héroïsme dans le sens noble du terme dont son cinéma est sans cesse parsemé, mais n'est-ce pas là que se trouve l'essence même du grand cinéma Hollywoodien...?, il trouve forcément dans le film de guerre un terrain de discorde prompt à la critique pompeuse et bien-pensante des donneurs de leçon de la pensée unique... Peu importe, La Chute Du Faucon Noir est un sacré morceau de bravoure dont le sujet principal, l'homme dans le feu de la guerre, est montré avec une justesse unique.

philippequevillart
8

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le 24 mars 2017

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