Un western en noir et blanc assez original, dans lequel Gregory Peck prouve une nouvelle fois qu'il n'est pas un acteur de western comme les autres.
Arborant sa plus belle moustache, ce dernier incarne Jimmy Ringo, alias la plus fine gâchette de tout le Far West. Le souci, c'est que l'ancien voyou cherche désormais à se ranger, mais à cause de sa réputation sulfureuse, personne ne lui en laisse l'occasion. Ainsi, dans chaque ville où il débarque, c'est le même scénario qui se reproduit : il s'accoude au comptoir d'un bar local, et un jeune vaurien en manque de reconnaissance le provoque pour se faire un nom. Appelez ça de l'inconscience ou de la bêtise, mais le résultat est toujours le même : obligé de se défendre, Jimmy Ringo abat malgré lui ces jeunes tireurs à qui il n'avait pas cherché de noises.
Malgré une certaine raideur, Gregory Peck est impeccable dans ce rôle d'antihéros las et n'aspirant plus qu'à vivre tranquillement avec sa femme et son jeune fils, qu'il avait pourtant abandonnés 8 ans plus tôt. S'il passe l'essentiel du film à boire tranquillement des verres de whisky dans le Bar Palace, une certaine agitation règne en ville à cause de sa présence. Que ce soit le shérif, les écoliers, les femmes "respectables" ou un père ayant perdu son fils, tout le monde fait une fixation sur la terreur de l'Ouest, et forcément, le sang finira par couler d'une manière ou d'une autre.
Tout comme dans "le Train sifflera trois fois", l'action se déroule presque en temps réel, et avec ses décors essentiellement situés en intérieur, ce long métrage possède un côté très théâtral. Niveau casting, Karl Malden incarne un sympathique barman un brin délateur, tandis que le jeune Skip Homeier possède le même genre de jeu animal que Lee Marvin.
Bref, malgré son côté très statique et son manque de beaux paysages, "la Cible humaine" mérite votre attention pour le sujet qu'il aborde. Dans un genre cinématographique où l'on glorifie allègrement la violence et le nombre de morts que l'on a à son actif, ce n'est pas tous les jours qu'un cowboy vit sa réputation de meilleur tireur de l'Ouest comme une véritable malédiction.