Où l'on découvre qu'un navet peut être sirupeux
J'ai vu "La cité des anges" étant pré-ado, en pleine période fleur bleue. La collégienne que j'étais avait trouvé ce thème d'ange gardien voulant devenir humain absolument génial et Nicolas Cage fort séduisant. Depuis j'ai (un peu) grandi. J'ai revu récemment "La cité des anges" mais surtout j'ai découvert entre temps "Les ailes du désir" de Wim Wenders. Ce fut la fin d'un monde et le début d'un nouveau, bien mieux.
La gentille bleuette tintée de mysticisme (à 13 ans il ne m'en fallait pas beaucoup) s'est révélée être un remake ras les pâquerettes du prix (mérité) de la mise en scène de Cannes 1987. En y repensant, il fallait quand même oser faire un remake de ce qui est devenu un monument du cinéma allemand. Je me demande encore quels accords ont été passé avec Wenders et autres responsables des Ailes du désir pour aboutir à une telle resucée. L'abandon du noir et blanc élégant pour du tout couleurs lourd et pataud, celui de Berlin de la guerre froide pour un Los Angeles aseptisé (tout ça parce que c'est "la ville des anges"...my god...). Calibrons bien le tout, gommons soigneusement les aspérités, collons- y des acteurs bancables. Et voilà un film parfaitement insipide qui vieillira mal, mais fort bien paré pour conquérir le public d'outre-Atlantique et toucher le jackpot. Et finalement de donner l'impression prendre les spectateurs pour des cons.
La cité des anges c'est un peu comme un Big Mac. Sur le moment le goût en lui-même n'est pas forcément déplaisant, juste terriblement standardisé. Vite avalé, vite oublié. Mais alors que l'on a fait le plein de sucres, la satiété ne vient pas et l'on reste sur notre faim, le mal de ventre en prime.
Il y a des jours où je me dis que le mépris et les grosses machines à remake de ces Messieurs d'Hollywood pour le cinéma européen m'étonnera toujours. Et il y en d'autres où je me dis que l'ado que j'étais avait tout de même passé un sacré bon moment devant cette débauche de guimauve. Je finis même par me demander si j'aurais découvert "Les ailes du désir" si je n'avais pas vu ce navet sirupeux auparavant.
Allez, rien que pour ça je remonte ma note d'un point.